La très conservatrice Cour suprême des Etats-Unis a limité jeudi 30 juin les moyens de l'Etat fédéral de lutter contre les gaz à effet de serre, une décision qui pourrait avoir un lourd impact sur le réchauffement climatique.
Après le droit à l'avortement, la lutte contre le réchauffement climatique. Ce jeudi 30 juin, la Cour suprême américaine a estimé - à six voix contre trois - que l'Agence pour la protection de l'environnement (EPA) ne pouvait pas édicter de règles générales pour réguler les émissions des centrales à charbon.
«Mettre une limite aux émissions de dioxyde de carbone à un niveau qui imposerait de renoncer au niveau national au charbon pour produire l'électricité pourrait être une solution pertinente à la crise d'aujourd'hui. Mais il n'est pas plausible que le Congrès ait donné à l'EPA l'autorité d'adopter une telle mesure», écrit le juge John Roberts dans cet arrêt.
«Aujourd'hui, la Cour a retiré à l'Agence de protection de l'environnement le pouvoir que le Congrès lui a donné de répondre au problème le plus pressant de notre époque», dénonce la juge progressiste Elena Kagan.
La Maison blanche dénonce une décision «dévastatrice»
La décision a immédiatement été saluée par plusieurs gouverneurs républicains à l'origine de la procédure en justice, mais jugée «dévastatrice» par la Maison blanche.
En 2007, la Cour suprême avait décidé à une courte majorité que l'EPA était compétente pour réguler les émissions de gaz responsables du réchauffement climatique, au même titre qu'elle est chargée par une loi des années 1960 de limiter la pollution de l'air.
Mais depuis, l'ex-président républicain Donald Trump, un climatosceptique hostile à toute mesure contraignante pour l'industrie, a fait entrer trois magistrats au sein du temple du droit américain, cimentant sa majorité conservatrice (six juges sur neuf).
Un plan d'Obama à l'origine du contentieux
Le dossier trouve sa source dans un plan ambitieux adopté en 2015 par Barack Obama pour réduire les émissions de CO2. Ce «Clean Power Plan», dont la mise en oeuvre revenait à l'EPA, avait été bloqué avant d'entrer en vigueur.
En 2019, Donald Trump avait publié sa propre «règle pour une énergie propre abordable», limitant le champ d'action de l'EPA au sein de chaque site de production d'électricité, sans l'autoriser à remodeler tout le réseau. Un tribunal fédéral ayant invalidé cette mouture, plusieurs Etats conservateurs et l'industrie du charbon ont demandé à la Cour suprême d'intervenir et de préciser les pouvoirs de l'EPA. C'est désormais chose faite.