Les autorités talibanes de la ville d'Hérat, dans l'ouest de l'Afghanistan, ont interdit aux hommes et femmes de manger ensemble au restaurant. Une interdiction qui court aussi pour les couples mariés.
L'Afghanistan est un pays profondément conservateur et patriarcal, mais il est normal de voir des hommes et femmes, ou des familles, ensemble à table au restaurant, en particulier à Hérat qui a longtemps été considéré comme relativement progressiste par rapport au reste du pays.
Mais depuis leur arrivée au pouvoir en août, les talibans ont progressivement rogné les libertés des femmes et imposé des formes de ségrégation entre les deux sexes, conformément à leur interprétation ultra-rigoriste de la charia, la loi islamique.
Un responsable du ministère de la Promotion de la vertu et de la prévention du vice à Hérat, Riazullah Seerat, a indiqué à l'AFP que les autorités avaient ordonné que «les hommes et les femmes soient séparés dans les restaurants». Les propriétaires ont été avertis verbalement de cette mesure, qui s'applique même à ceux qui sont «mari et femme».
Une femme, qui a requis l'anonymat, a raconté être allée au restaurant mercredi avec son époux, mais le gérant leur a demandé de «s'asseoir séparément». Face à cela le couple est reparti sans déjeuner.
L’Afghanistan de plus en plus ségrégationniste
Safiullah, un gérant de restaurant qui comme de nombreux Afghans ne porte qu'un nom, a confirmé avoir reçu l'ordre d'appliquer cette ségrégation.
«Nous devons obéir à cet ordre, mais ça a un impact très négatif sur nos affaires», a-t-il déclaré, précisant que si cette interdiction devait se prolonger, il n'aurait pas d'autre choix que de se séparer de ses employés.
Riazullah Seerat a précisé que le ministère avait aussi imposé la séparation des hommes et femmes dans les parcs publics d'Hérat, en fixant des jours de visites pour chaque sexe. Des autorités de la ville avaient déjà annoncé au début du mois avoir demandé aux moniteurs d'écoles de conduite de ne plus délivrer de permis aux femmes.
Après leur retour au pouvoir, les talibans avaient initialement promis de se montrer plus souples que sous leur précédent régime entre 1996 et 2001, lorsque les femmes étaient privées de presque tout droit.
Mais les islamistes ont rapidement renié leurs engagements, excluant largement les femmes des emplois publics, leur interdisant l'accès à l'école secondaire ou encore restreignant leur droit à se déplacer. La semaine passée, ils ont aussi promulgué un décret imposant aux femmes le port du voile intégral en public.