Suite à une décision de la justice italienne, Francesco Bonanno a repris officiellement son poste de chef de bord chez Trenitalia. Il avait été renvoyé de la compagnie ferroviaire transalpine en 2017 car elle l'accusait de terroriser les passagers en faisant son travail trop méticuleusement.
Le 24 avril, le contrôleur de train Francesco Bonanno a déclaré au quotidien Il Corriere della Sera que «son cauchemar était terminé» après que la Cour suprême d'Italie ait estimé ces derniers jours qu'il avait été licencié à tort et ordonné sa réintégration au sein de l'entreprise ferroviaire nationale.
Ce cheminot italien de 61 ans avait été accusé d'effetuer son travail de manière trop zélée en dressant plus de 5.000 amendes en quelques années aux passagers en infraction des trains du nord de l'Italie dans lesquels il effectuait son service. Tous les types d'infractions étaient concernés : voyager sans billet ou monter à bord d'un train avec un billet pour une autre destination ou portant une autre date...
Il capotreno zelante dalle 5 mila multe: «Non sono spietato, ma serve rigore. La gente mi adora» https://t.co/I0sMXOpfOl
— Corriere della Sera (@Corriere) April 24, 2022
Interviewé par le quotidien italien, Francesco Bonanno a indiqué qu'il «n'était pas un chasseur de primes, mais au travail, il faut de la rigueur et qu'il se doit de s'assurer que les voyageurs soient tous porteurs d'un billet valide».
licencié par trenitalia pour faute grave
A la suite de très nombreuses plaintes de voyageurs mécontents, Trenitalia avait déclenché une procédure de licenciement à son encontre, l'accusant d'avoir fait preuve d'une trop grande rigueur et d'avoir commis des erreurs dans l'établissement de 175 contraventions. Celles-ci avaient dû être remboursées par la compagnie ferroviaire italienne pour un total avoisinant les 10.000 euros. Employé depuis 38 ans chez Trenitalia, il en avait été renvoyé en janvier 2017 pour «juste cause», ce qui correspond à un licenciement pour faute grave.
Originaire de Sicile, cet habitant de Jesolo près de Venise avait alors saisi la justice pour contester son renvoi en poursuivant Trenitalia. Devant les juges, il a expliqué que les faits qui lui avaient été reprochés ne représentaient que 3,5% des milliers d'amendes qu'il avait dressées au cours des deux dernières années.
Au bout d'un long feuilleton judiciaire, la Cour suprême italienne lui a finalement donné gain de cause et a obtenu sa réintégration pleine et entière. Elle l'a décrit comme «un contrôleur de train d'un zèle peu commun, inflexible et extrêmement méticuleux dans son travail» et qu'il ne cherchait pas à en tirer un profit personnel. Le jugement définitif a mis en lumière que «les erreurs commises lors du contrôle des billets» sont «le résultat indirect d'un excès de zèle».
«C'est la fin d'un cauchemar», a déclaré Francesco Bonanno au Corriere della Sera. «Dès le début, le juge du travail m'avait donné raison et l'entreprise m'avait réintégré sans me réembaucher : je suis resté un an et demi chez moi à toucher mon salaire sans travailler. Pour moi, ce n'était pas une question d'argent : je voulais remettre mon uniforme. J'adore mon travail et j'ai un grand respect pour Trenitalia. Je viens d'une famille de cheminots et depuis que je suis enfant je rêvais de passer ma journée à monter et descendre des wagons», a-t-il ajouté.
«Je n'avais jamais vu un employé être licencié parce qu'il travaillait trop», a déclaré au Corriere della Sera, son avocat Lucio Spampatti. «Si vous réfléchissez bien, cette histoire est paradoxale. Il s'agit d'un chef de bord qui en sanctionnant des passagers sans billet, a rapporté à Trenitalia plus de 200.000 euros», a-t-il ajouté.