Son vrai nom est El Shafee el-Sheikh. Jihadiste de Daesh de 2012 à 2015, il a été baptisé «Jihadi George» par des prisonniers puis par les médias britanniques, car étant l’un des membres des «Beatles» du groupe terroriste. Son procès aux Etats-Unis vient de démarrer.
Agé aujourd’hui de 33 ans, le Soudanais de naissance, arrivé au Royaume-Uni lorsqu’il était enfant, est décrit comme un tortionnaire extrêmement cruel par les prisonniers dont il a eu la garde en Syrie.
Entre 2012 et 2015, au moins 27 journalistes et humanitaires (dont le reporter français Nicolas Hénin) ont été entre ses mains et celles de trois autres jihadistes. Ils étaient surnommés les «Beatles» par ces prisonniers, car tous avaient un accent britannique facilement identifiable.
Si l’un d’entre eux, Mohammed Emwazi, surnommé «Jihadi John», a été particulièrement médiatisé, car apparaissant sur des vidéos de propagande de Daesh (il a été tué en 2015), El Shafee el-Sheikh, qui était donc «George» dans ce quatuor, s’est montré «le plus fou, le plus brutal», selon un ancien captif espagnol.
«Il décidait qui devait vivre ou mourir»
Dans une interview donnée à l’AFP, ce journaliste expliquait qu’il était le leader du groupe : «il décidait qui devait vivre ou mourir». Des propos confirmés par l’acte d’accusation, qui le pointe comme «un des meneurs d’une cellule spécialisée dans la prise d’otage», au sein de laquelle il s’est «livré à des violences physiques et psychologiques».
La justice américaine a ainsi avancé que ses prisonniers subissaient des chocs électriques, des privations de nourriture ou de sommeil, des simulations de noyade, ou bien devaient se battre entre eux. Après avoir filmé l’exécution d’un Syrien, «Jihadi George» aurait pointé un otage européen en lui indiquant qu’il serait «le prochain».
Déchu de la nationnalité britannique
L’islamiste a finalement été arrêté en janvier 2018 par les forces kurdes syriennes, en même temps qu’un autre membre des «Beatles» de Daesh, Alexanda Kotey, connu comme étant «Ringo». Déchus tous les deux de leur nationalité britannique, ils avaient été transférés aux Etats-Unis en 2020, la justice américaine promettant de ne pas les condamner à mort.
Alexanda Kotey a depuis plaidé coupable. Ce n’est pas le cas d’El Shafee el-Sheikh, qui réfute toutes les violences dont il est accusé et affirme qu’il n’était qu’un subordonné parmi le groupe de jihadistes. Le procès, qui se déroule depuis mardi à Alexandria, près de Washington, doit durer environ un mois.