Depuis le début de l’invasion russe, l’inquiétude est maximale concernant un éventuel accident nucléaire. Un risque rehaussé par l’incendie récent dans la centrale de Zaporijia, mais aussi la coupure d’électricité à Tchernobyl, mercredi.
En cas de bombardement de Tchernobyl, plusieurs facteurs seraient à prendre en compte. Dans un premier temps, il est nécessaire de se rappeler que l’équipement sur place est à l’arrêt depuis trente à trente-cinq ans.
«Le réacteur accidenté est recouvert d’une sorte de sarcophage, les trois autres seraient en cours de démantèlement», a expliqué à CNEWS Francis Sorin, membre honoraire du Haut Comité pour la Transparence et l’Information sur la Sécurité Nucléaire (HCTISN).
Certains éléments combustibles seraient retenus dans des piscines, destinées à assurer le refroidissement des éléments usés. «S’il y a un bombardement, il faudra se demander si les éléments combustibles vont être dénoyés», a indiqué Francis Sorin. Autrement, «savoir s’il ne seront plus baignés dans l’eau».
Si c’est le cas, «il y aurait des rejets et des petites explosions d’hydrogène», voire «des fuites de radioactivités», formant potentiellement «des aérosols».
Aucun rapport avec Fukushima ou Tchernobyl 1986
Si un éventuel incident inquiète les autorités et les populations, il «ne faut pas prendre exemple sur l'accident de Tchernobyl en 1986 et Fukushima en 2011», estime l'expert. Il s’agissait «d’explosions sur un réacteur en service, qui a tout libéré d’un seul coup. La radioactivité était très importante».
«S’il y a un bombardement aujourd’hui, on peut s’imaginer qu’il y aurait des relâchements, mais moindre sur le plan de leurs nuisances radioactives», analyse Francis Sorin.
En effet, la radioactivité décroit au fil du temps et a donc considérablement chuté à Tchernobyl. «Cette radioactivité s’est solidifiée. Ce qu’il y a dans le réacteur accidenté est solide, non du gaz ou du liquide. Des éléments combustibles moins agressifs».
En revanche, un tel bombardement serait «bien plus problématique sur une centrale en fonctionnement, [...] les dégâts seraient beaucoup plus importants».
En raison notamment de «la chaleur des éléments combustibles qui ne pourraient plus être refroidis en cas de bombardement», explique Francis Sorin.