Les habitants de Kiev traquent désormais les «saboteurs», des agents russes envoyés par Moscou pour aider la Russie de l’intérieur. Certains ont mis au point des techniques pour démasquer ces infiltrés russes.
L’une de ces méthodes est de faire dire un mot en ukrainien à une personne suspecte, impossible à prononcer correctement pour un Russe, comme par exemple «palyanytsa». En russe, cela signifie «fraise», et en Ukraine, c’est le pain traditionnel. Aucun Russe, se dit-il à propos de cette ruse vieille comme les guerres soviétiques, ne peut prononcer ce mot correctement.
Un chauffeur de taxi de Kiev a quant à lui inventé sa propre technique : chanter le début d’un tube ukrainien très récent, «Oleinïi, Oleinïi», et voir si la personne qu’il suspecte est capable de continuer à chanter la chanson. À certains checkpoints tenus par des civils armés, les questions pièges auxquelles seuls les Ukrainiens peuvent répondre correctement s’imposent désormais pour les contrôles des personnes suspectes.
L’objectif : démasquer les «saboteurs» russes envoyés par Moscou. «On a des gens qui ressemblent à des gens d'ici mais qui se mettent à tirer sur les habitants» , a raconté à l’AFP un citoyen du village d’Irpin, au nord-ouest de Kiev, proche d’un aéroport militaire où les parachutistes russes ont été héliportés aux premières heures de l’invasion en Ukraine.
Viktor Chelovan, un collaborateur du ministre ukrainien de l'Intérieur, le chef de l'unité des forces spéciales «Lance», a assuré à l'AFP que la population «fait des signalements» et que ses hommes «s'occupent des saboteurs». Selon lui, certains groupes de «saboteurs» sont constitués de membres des «forces d'opérations spéciales russes, qui tentent de déstabiliser la vie quotidienne dans nos villes et nos villages, ainsi que les bases militaires arrière». Il a aussi mentionné la présence de cellules des services secrets russes et le GRU (renseignement militaire), «déjà implantés ici avant la guerre» et chargés de «d'aider à préparer l'invasion».