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Une coalition d’Etats américains enquête sur les effets «néfastes» de TikTok sur les enfants

Aux Etats-Unis, TikTok est accessible aux moins de 13 ans, qui utilisent une version modifiée de l'application. [Olivier DOULIERY / AFP]

De quelle manière TikTok influe-t-il sur la santé mentale des enfants ? Pour répondre à cette question, une coalition de huit Etats américains a lancé, mercredi 2 mars, une enquête sur les algorithmes et les méthodes de marketing de cette application très populaire auprès des jeunes.

Les autorités américaines veulent notamment examiner les «techniques utilisées par TikTok pour encourager les jeunes» à y passer plus de temps, à réagir aux contenus et intéragir avec les créateurs.

Ce réseau social, filiale du groupe chinois ByteDance, est en effet connu pour ses vidéos courtes, musicales ou parodiques, habilement sélectionnées par des algorithmes en fonction des goûts des utilisateurs.

Sachant qu'aux Etats-Unis l'application est accessible aux moins de 13 ans, tant qu'ils utilisent une version modifiée pour eux, la question mobilise plusieurs Etats. La Californie, la Floride, le Kentucky, le Massachusetts, le Nebraska, le New Jersey, le Tennessee et le Vermont ont ainsi publié un communiqué commun.

«Nos enfants grandissent à l'ère des réseaux sociaux et beaucoup ressentent le besoin de se mesurer à ces versions filtrées de la réalité qu'ils voient sur leur écran, explique Rob Bonta, le procureur général californien. Nous savons que cela a des effets dévastateurs sur la santé mentale et le bien-être des enfants. Mais nous ne savons pas ce que les entreprises elles-mêmes savaient et depuis quand.»

En réaction à l'ouverture de cette enquête, TikTok a promis de «fournir des informations sur les nombreux mécanismes de sécurité et de protection de la vie privée» mis en place «pour les adolescents». Se disant «très soucieux de construire une expérience favorable au bien-être de [sa] communauté», la plate-forme a même salué l'initiative des procureurs, appréciant le fait qu'ils «se concentrent sur la sécurité des plus jeunes utilisateurs».

Avant TikTok, plusieurs procureurs généraux américains se sont déjà penchés sur le cas de Meta, la maison mère de Facebook. Ils lui reprochent notamment de promouvoir Instagram, qui appartient au même groupe, auprès des plus jeunes en ignorant des rapports internes sur les souffrances que peut susciter l'application. Ces documents ont été révélés à l'automne par Frances Haugen, une lanceuse d'alerte autrefois employée par Facebook, devenu Meta.

La procureure générale du Massachusetts, Maura Healey, assure que les recherches «montrent que l'utilisation d'Instagram est associée à des risques accrus de dommages à la santé physique et mentale des jeunes, notamment de dépression, de troubles de l'alimentation et même de suicide».

Elle considère ainsi que «Meta n'a pas réussi à protéger les jeunes sur ses plates-formes et a choisi à la place d'ignorer voire, dans certains cas, de renforcer des pratiques qui constituent une menace réelle pour la santé physique et mentale, exploitant ainsi les enfants pour faire des profits».

Un manque de solutions concrètes

En septembre, Instagram a suspendu le développement de sa version destinée aux moins de 13 ans. Mais les autorités américaines ont eu beau durcir le ton ces dernières années contre les grandes plate-formes, elles manquent de solutions concrètes et rapides, étant donné les délais dans les tribunaux ou les contraintes pour faire passer de nouvelles lois.

Les géants des réseaux sociaux ont accumulé d'immenses pouvoirs économiques et politiques et, globalement, les remontrances et accusations des élus et procureurs ont jusqu'ici eu peu de conséquences tangibles sur les entreprises concernées. L'analyste Carolina Milanesi, de Creative Strategies, doute ainsi que «TikTok ait beaucoup de raisons de s'inquiéter. Ils vont devoir faire le même numéro que Meta, c'est-à-dire détailler leurs fonctionnalités pour la sécurité», mais «cela ne va pas avoir d'effet sur les usages», juge-t-elle.

Reprenant l'exemple d'Instagram, elle rappelle que le réseau social «a expliqué qu'il ne crée pas les contenus» puisque «ce sont les jeunes qui les mettent en ligne et les regardent». Une réalité, bien sûr, mais qui ne doit pas faire oublier la «responsabilité» de ces plates-formes «en termes de gestion des contenus». «Et c'est là que tout devient flou», conclut Carolina Milanesi.

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