Treize millions d'habitants de la Corne de l'Afrique sont menacés par la famine. Une situation plus qu'alarmante pour le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies, qui résulte de plusieurs mois de sécheresse sévère.
Cette région n’a jamais connu de sécheresse aussi importante depuis 1981. Ces conditions climatiques ont eu pour conséquence la destruction des cultures, une mortalité très élevée du bétail, des pénuries d’eau et de pâturages qui «obligent les familles à quitter leur foyer et entraînent une recrudescence des conflits entre les communautés», a précisé le PAM dans son rapport.
Les prévisions de pluie pour les semaines à venir reste inférieure à la moyenne, ce qui pourrait mener à une aggravation du problème. «La situation exige une action humanitaire immédiate et un soutien constant pour renforcer la résilience des communautés pour l’avenir», a déclaré le directeur du bureau régional du PAM pour l’Afrique de l’est, Michael Dunford.
insécurité alimentaire au Kenya, en Somalie et en Ethiopie
Des difficultés qui sont renforcées par l’inflation galopante et la forte hausse des prix des denrées alimentaires, empêchant un peu plus des familles d’acheter de la nourriture. Le PAM estime à environ 5,7 millions les personnes ayant besoin d’une aide alimentaire en Ethiopie et 2,8 millions au Kenya. En Somalie, le nombre de personnes en situation d'insécurité alimentaire aiguë «devrait passer de 3,5 à 4,6 millions entre février et mai 2022 si l'aide humanitaire n'est pas reçue», a indiqué l’organisme.
Si le PAM distribue déjà des subventions en espèces dans les pays concernés, pour aider les populations locales à acheter de la nourriture et s’occuper de leur bétail, les ressources manquent pour éviter que des millions de personnes ne sombrent dans la famine. C’est pourquoi le programme des Nations unies lance un «plan régional d’intervention contre la sécheresse» dans la Corne de l’Afrique et souhaite récupérer 327 millions de dollars pour «répondre aux besoins immédiats de 4,5 millions de personnes au cours des six prochains mois» et pour «aider les communautés à devenir plus résilientes aux chocs climatiques extrêmes».
Des événements météorologiques extrêmes plus fréquents
Dans le rapport 2020 de l’Organisation météorologique mondiale, publié en octobre dernier, les experts ont souligné des «anomalies de températures» très importantes dans «certaines parties de la Corne de l’Afrique», ainsi que dans d’autres régions du continent. «En 2020, on a constaté une augmentation de près de 40% de la population touchée par l’insécurité alimentaire par rapport à l’année précédente», a souligné le rapport.
Par ailleurs, 12% des nouveaux déplacements de population à l’échelle mondiale en 2020 se sont produits dans l’Est du continent et dans la Corne de l’Afrique, la plupart du temps à cause de catastrophes naturelles et des sécheresses. Des événements météorologiques extrêmes qui sont de plus en plus fréquents et intenses en raison des changements climatiques.