Rien ne va plus dans les prisons fédérales américaines. Après la mort de deux détenus, lundi 31 janvier, lors d'un conflit entre gangs rivaux au sein du centre de détention de Beaumont, au Texas, l'ensemble du système pénitentiaire fédéral a été verrouillé. Cela concerne 120 établissements à travers les Etats-Unis.
Concrètement, ce blocage généralisé signifie que les détenus sont gardés dans leurs cellules la majeure partie de la journée et que les visites sont annulées. Le Bureau fédéral des prisons a pris cette décision par crainte de représailles potentielles, mais aussi pour éviter que la violence ne se propage à d'autres établissements.
La mise en place d'un tel verrouillage à l'échelle nationale n'est pas si fréquente mais s'est tout de même produit plusieurs fois dernièrement, à l'occasion d'événements d'ampleur. Par exemple lors de l'explosion des contaminations au Covid-19 ou encore pendant l'assaut du Capitole américain, le 6 janvier 2021.
Récemment, les graves problèmes de sécurité se sont multipliés au sein du système pénitentiaire fédéral, entraînant plusieurs décès et coups de couteau entre détenus. La prison de Beaumont, où a eu lieu l'attaque ce lundi, avait déjà connu la mort d'un prisonnier, poignardé par deux autres en novembre 2007.
La guerre des gangs
Quelque mois plus tard, en février 2008, un homme avait été étranglé par ses deux compagnons de cellule. Là encore, un gang, le Dead Man Incorporated, était impliqué. L'établissement texan, qui compte 1.372 prisonniers, a par ailleurs été le théâtre de plusieurs évasions.
Agés de 34 et 54 ans, les deux hommes qui ont perdu la vie lundi avaient déjà été impliqués dans des affrontements derrières les barreaux. Dans des documents judiciaires, le plus jeune des deux était décrit comme un membre d'un gang carcéral appelé Mexican Mafia («Mafia mexicaine», ndlr). Tous deux sont morts à l'hôpital, là où ils avaient été transportés après l'attaque. Deux autres détenus, blessés, ont aussi dû être médicalisés.
Face à cette crise généralisée, les responsables syndicaux dénoncent notamment le manque de personnel. C'est dans ce contexte que le directeur du Bureau fédéral des prisons, Michael Carvajal, a choisi de démissionner, en janvier. Ce, au moment même où des rapport publiés par l'Associated press faisaient état de soupçons de corruption et de nombreux manquements au sein de l'institution.