Un entretien crucial. Le secrétaire d’État américain Antony Blinken doit parler aujourd'hui de la crise ukrainienne avec son homologue russe Sergueï Lavrov
Après un échange écrit, les deux hommes ont en effet prévu de s'entretenir en direct ce mardi 1er février. La veille, le conseil de sécurité de l'ONU a connu de vifs débats entre la Russie et les États-Unis au sujet des troupes massées par Moscou à la frontière de l'Ukraine.
La Russie est accusée par les Occidentaux d'avoir des projets d’invasion en massant près de 100.000 soldats à la frontière.
La Russie a démenti mais a cependant conditionné toute désescalade à une liste d'exigences, nécessaires selon elle pour garantir sa sécurité, notamment l'assurance que l'Ukraine ne sera jamais membre de l'Otan et que l'Alliance retire ses hommes sur ses positions de 1997.
Dans un courrier envoyé la semaine dernière, Washington a rejeté cette demande tout en laissant la porte ouverte à des discussions sur d'autres sujets sécuritaires, comme le déploiement de missiles ou des limites réciproques aux exercices militaires.
Lors de la réunion du Conseil de sécurité, l'ambassadeur de Russie aux Nations unies Vassily Nebenzia a accusé Washington de chercher à «créer l'hystérie» et à "tromper la communauté internationale" avec ses «accusations infondées».
Des sanctions en préparation
Son homologue américaine Linda Thomas-Greenfield a estimé de son côté que le déploiement de plus de 100.000 militaires russes autour de l'Ukraine menaçait «la sécurité internationale». Assurant détenir des «preuves», elle a accusé Moscou de vouloir déployer début février plus de 30.000 militaires supplémentaires au Bélarus, allié du Kremlin et voisin de l'Ukraine.
Parallèlement, les manœuvres diplomatiques continuent, tout comme les préparatifs de sanctions.
Les États-Unis comme le Royaume-Uni, qui est l'un des terrains d'investissement favoris des grandes fortunes russes, ont dit lundi vouloir taper au portefeuille le premier cercle du pouvoir russe et des proches du Kremlin.
Du côté de Londres, les oligarques russes risqueront le gel de leurs avoirs au Royaume-Uni et l'impossibilité d'entrer sur son territoire. Il serait également impossible pour une entreprise ou un individu au Royaume-Uni d'effectuer des transactions avec eux.
«Nous n'allons pas battre en retraite et nous tenir au garde-à-vous en écoutant les menaces de sanctions américaines», a répliqué mardi l'ambassade russe à Washington.
De mouvements militaires également
Les Européens souhaitent ne pas être en reste des efforts diplomatiques menés par les Américains.
Au moment où les chefs de la diplomatie américaine et russe se parlent au téléphone, le Premier ministre britannique Boris Johnson discutera mardi à Kiev avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Le Premier ministre britannique doit proposer cette semaine à l'Otan un déploiement de troupes pour répondre à la montée de «l'hostilité russe» envers l'Ukraine. Le chef du gouvernement polonais Mateusz Morawiecki est lui aussi attendu à Kiev.
En parallèle, le Premier ministre hongrois Viktor Orban rencontrera son homologue russe à Moscou, une visite critiquée par l'opposition hongroise au vu des tensions autour de l'Ukraine.
Sur le front militaire, les mouvements se poursuivent également. Plusieurs pays occidentaux ont annoncé ces derniers jours l'envoi de nouveaux contingents en Europe orientale.
De son côté, le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'est félicité mardi du soutien diplomatique et militaire à son pays face aux craintes d'une attaque russe, «le plus important» selon lui depuis 2014, année de la précédente offensive russe contre l'Ukraine.