L'Emirati Ahmed al-Raisi a été élu ce jeudi président d'Interpol, l’organisation mondiale de lutte contre la criminalité, dont le siège est à Lyon (Rhône). ONG et défenseurs des droits de l'homme s'insurgent.
En octobre 2020, dix-neuf ONG, dont Human Rights Watch (HRW), s'inquiétaient déjà de l'élection probable du dignitaire émirati, «membre d'un appareil sécuritaire qui prend systématiquement pour cible l'opposition pacifique».
Inspecteur général du ministère de l’Intérieur, il est l'un des hommes forts des Émirats arabes unis, petit Etat pétrolier qui occupe la 131e place du classement de la liberté de la presse de Reporters sans frontière.
Sous son autorité, l'ordre et la sécurité règnent. Au prix d'une politique ultra répressive à l'égard des opposants, pointent les défenseurs des droits de l'homme.
L’ONG Gulf Center For Human Rights rappelle par exemple la situation d'Ahmed Mansour, un blogueur dissident arrêté en 2017 et emprisonné après un procès express dans une cellule de 4 m2. Soupçonné d'être à l'origine de sévices infligés sur le détenu, Ahmed al-Raisi est visé par une plainte déposée en France.
un député lyonnais mène la fronde
Le dignitaire émirati fait l'objet d'une autre plainte en France, déposée par deux citoyens britanniques devant le pôle spécialisé dans la lutte contre les crimes contre l'humanité du parquet de Paris. De passage aux Emirats arabes unis, ils assurent avoir été incarcérés et victimes de tortures. L'un en 2018, pour avoir mené des travaux universitaires sur l'appareil sécuritaire des Emirats, l'autre en 2019 pour avoir porté un tee-shirt du Qatar lors d'un match de football.
Depuis Lyon, où se trouve le siège d'Interpol, le député du Rhône Hubert Julien-Laferrière (écologiste) avait tenté de mobiliser le monde politique. «Je ne peux me résoudre à l’élection d’un tortionnaire à la tête de l’organisation mondiale des polices, encore moins avec le soutien de la France», a-t-il écrit ce mardi sur Twitter.
S'il a pu compter sur le soutien d'une cinquantaine de parlementaires et d'eurodéputés, son appel à rejeter la candidature d'al-Raisi a trouvé peu d'écho au sommet de l'Etat. La France est en effet un partenaire stratégique majeur d'Abou Dhabi, avec qui elle s'apprête à signer un contrat de 60 avions Rafale.
Le président d'Interpol, désigné pour quatre ans, occupe ses fonctions à temps partiel et de façon bénévole et conserve ses fonctions dans son pays d'origine.
C'est le secrétaire général Jürgen Stock, renommé pour un second mandat de cinq ans en 2019, qui assure la gestion des affaires courantes, précise l'AFP.