Les temps sont rudes pour le géant du numérique Facebook. Déjà éclaboussé par la lanceuse d’alerte et ex-cheffe de produit de l’entreprise Frances Haugen, un nouveau témoignage vient corroborer les propos de celle qui veut faire tomber Mark Zuckerberg.
Celle qui avait témoigné, trois heures durant, devant le Sénat américain le 6 octobre, après avoir démissionné au printemps dernier et emporté avec elle des milliers de documents classés sensibles, a été rejointe par un nouveau lanceur d’alerte, qui s'est confié au Washington Post. Autrefois chargé de « l’intégrité civique de la plate-forme », l’homme a expliqué dans sa déposition auprès de la SEC (autorité boursière) – et signée le 13 octobre -, avoir assisté à une réunion en 2017 au sujet de l’ingérence russe lors des élections présidentielles américaines, et qu’un membre de l’équipe de communication, Tucker Bounds, aurait déclaré : « Ce sera un feu de paille. Des élus vont râler. Et d’ici quelques semaines, ils seront passés à autre chose. En attendant, on imprime de l’argent au sous-sol et tout va bien. »
Cette déposition alourdit les « Facebook files » fournis par Frances Haugen. Ces derniers montrent en effet qu'après 2017, l'histoire semble s'être répétée en 2020, dans le cadre de l'élection américaine, et montrent que les décideurs chez Facebook négligeaient les efforts de lutte contre la désinformation et autres discours haineux en ligne sous la houlette de Donald Trump, alors président des États-Unis. Alors que le scrutin venait de se dérouler, un analyste faisait savoir début novembre à ses collègues que 10% des contenus politiques visionnés par les utilisateurs américains de la plate-forme étaient des messages assurant que le vote avait été truqué.
Une défense difficile
Des insinuations sans fondement qui allaient participer à exacerber les tensions, jusqu'à l'invasion du Capitole, le 6 janvier 2021, avec 5 morts à la clé.
Pour l’instant, l’entreprise américaine a expliqué que les déclarations des deux lanceurs d’alertes étaient fausses. Quant à l’article du Washington Post, la porte-parole de Facebook Erin McPike les a jugés « inférieur aux standards du Washington Post, qui pendant les cinq dernières années n'a écrit qu'après avoir enquêté sur le fond et trouvé des sources multiples. »
Le «conseil de surveillance» de Facebook, chargé de gérer en dernier ressort les litiges sur la modération des contenus, a tout de même admis de son côté, dans un rapport sur la transparence, que la plate-forme avait «échoué» à lui «fournir des informations pertinentes», et ce à plusieurs reprises.