La course contre la montre est lancée. Aux Etats-Unis, les parlementaires du Congrès s'affrontent sur le vote du budget fédéral depuis plusieurs semaines. Mais les prochaines heures seront cruciales, puisque sans accord avant minuit ce 30 septembre, les fonds publics seront totalement coupés. Commencera alors un «shutdown».
Les conséquences pour les Américains et le gouvernement seraient nombreuses. En effet, près de 800.000 employés fédéraux seraient alors en congés sans solde, ou contraints de travailler sans être payés, ce qui paralyse une bonne partie des services assurés dans le pays. Ces coupures de fonds publics sont devenues régulières dans l'histoire récente des Etats-Unis. Le pays en a connu trois sous Donald Trump, dont une qui a duré trente-cinq jours entre 2018 et 2019, un record.
Face à la situation chaotique au Congrès, Joe Biden a annulé un déplacement à Chicago pour rester concentrer sur ce dossier. Car éviter le «shutdown» n'est pas la seule échéance urgente dans les couloirs du Capitole. En effet, Joe Biden veut faire passer une série de réformes des infrastructures d'un côté, et des dépenses sociales de l'autre, pour un montant cumulé de 5.000 milliards de dollars.
Des mesures indispensables pour Biden
Le président avait réussi le tour de force de rallier suffisamment de républicains pour passer le premier volet au Sénat quelques semaines plus tôt. Ce 30 septembre, la Chambre des représentants doit entériner le projet, ce qui devait être une formalité au vu de la courte majorité des démocrates. «En cas de succès, ce serait vraiment la grande réussite de Joe Biden», résume Jean-Eric Branaa, politologue et spécialiste des Etats-Unis. Cependant, l'aile gauche du parti menace de s'y opposer sans un engagement des centristes à soutenir le plan social qui n'a pas encore été voté.
«Ce volet est particulièrement révolutionnaire, avec l'école maternelle pour tous ou des congés maladie par exemple, et avait été négocié avec Bernie Sanders», explique Jean Eric Branaa. En échange de ce plan, le progressiste devait s'engager à soutenir Joe Biden dans sa campagne et dans l'application de son programme. Il refuse donc aujourd'hui de réduire le budget des mesures, qui s'élève à 3.500 milliards de dollars, malgré la pression des conservateurs.
La dette pose problème
Car si la situation n'était pas assez explosive comme cela, les républicains refusent depuis le début de la semaine d'augmenter le plafond d'endettement du pays. Une mesure nécessaire pour financer les réformes démocrates, et qui permettra de plus d'éviter un défaut de paiement des Etats-Unis dès le 18 octobre prochain.
Cependant, les conservateurs bloquent cette mesure depuis le début de la semaine. Ces derniers veulent éviter que la Maison Blanche en profite pour passer des lois qu'ils estiment «irresponsables» économiquement. Les démocrates regrettent cette attitude, d'autant que relever le plafond de la dette est courant depuis les années 1960, et ne cause habituellement pas de tels blocages.
En seulement quelques heures, la Maison Blanche doit donc s'assurer que le budget fédéral est bien voté en temps et en heure, que le plan central d'infrastructure central dans le mandat de Joe Biden ne vole pas en éclats, et que le plafond de la dette soit bel et bien augmenté. Un véritable challenge pour le président, qui connaît le Congrès comme sa poche après trente-six ans passés au Sénat.
«S'il réussit, il s'élève au rang de Roosevelt ou Johnson, mais si ça casse, son mandat est fini et il prendra une claque aux midterms de 2022», assure Jean-Eric Branaa. Les négociations devraient donc prendre encore du temps. Car «shutdown» ou non, le véritable enjeu pour le président est le vote de ses deux grands programmes. Reste à savoir combien de temps prendront les discussions, et si les deux partis arriveront à en sortir grandis.