Une tâche lourde. Ce 26 juillet, Najib Mikati a été désigné pour devenir le nouveau Premier ministre du Liban dans un contexte de crise économique, sociale et sécuritaire.
Un milliardaire expérimenté et peu apprécié
Najib Mikati est l'homme le plus riche du Liban. Ce milliardaire, dont la fortune est estimée à 2,7 milliards, a fait fortune grâce à des investissements dans les télécoms, l'immobilier ou le textile. Fort de ce compte en banque rempli, il s'est lancé en politique à la fin des années 90. Il devient notamment parlementaire en 2000, puis Premier ministre en 2005. Il n'occupera ce poste que 3 mois cependant, le temps d'organiser des élections législatives.
En 2011, il reprend le siège de Premier ministre en dirigeant un gouvernement dominé par le Hezbollah. Mais, en raison de différences d'opinions dans un contexte de conflit en Syrie, qui touche le Liban, il démissionne en mars 2013. Sa présence dans plusieurs gouvernements et sa figure d'investisseurs lui ont créé une image peu appréciée par les manifestants libanais, qui demandent un renouvellement de la classe politique depuis le début de la crise politique et économique en 2019. Ceux-ci reprochent notamment une forte corruption de la sphère publique.
Ciblé par des affaires de corruption
En ce sens, Najib Mikati ne rassure pas les habitants inquiets. En effet, outre son passif politique, des enquêtes ont été ouvertes contre lui pour des soupçons «d'enrichissement illicite». Cependant, rien n'a pour le moment été prouvé dans cette affaire. Dans ce contexte, la figure du politicien est devenue l'un des symboles de la révolte libanaise. Sa résidence a par exemple été attaquée pendant des manifestations, et ses portraits dans Beyrouth ont été déchirés. Nul doute que l'essoufflement des contestations favorise son arrivée au pouvoir ce 26 juillet.
Proche du Hezbollah
Le nouveau Premier ministre libanais est réputé pour avoir un allié dans la région : Bachar al-Assad. Najib Mikati est en effet très proche du pouvoir syrien. Par extension, le milliardaire a également le soutien du Hezbollah, parti politique chiite qui s'est engagé pour Bachar al-Assad dans le conflit syrien. D'ailleurs, les députés du groupe ont voté en faveur de Najib Mikati lors du scrutin pour désigner le Premier ministre, comme cela avait été le cas en 2011 lors de sa seconde nomination. Reste à savoir comment cela influencera l'aide proposée par Emmanuel Macron au pays en crise, alors que Najib Mikati semble y être favorable quand le Hezbollah avait critiqué un comportement «condescendant» de la part du président français.