Pour Amnesty International, le scandale d'espionnage lié au logiciel Pegasus est symptomatique d'«une crise des droits humains mondiale». Samedi 24 juillet, l'ONG a ainsi demandé un moratoire sur la vente et l'utilisation des technologies de surveillance, avant la mise en place d'un cadre réglementaire.
Amnesty International a activement participé aux révélations de l'affaire Pegasus puisqu'elle a, avec Forbidden Stories, obtenu une liste de 50.000 numéros de téléphone, potentiellement surveillés par les clients de NSO, société israélienne qui a conçu le logiciel. Les deux associations ont ensuite transmis ces informations à un consortium de 17 médias, qui se sont chargés de révéler l'affaire.
Sans surprise, NSO Group cherche à discréditer les révélations du #ProjetPegasus
Le constat est pourtant sans appel.
Les enquêtes et nos analyses prouvent que des journalistes et défenseurs ont été des cibles potentielles du logiciel espion. https://t.co/2vvG01odm6— Amnesty France (@amnestyfrance) July 22, 2021
Dans un communiqué, Amnesty International dénonce ainsi un «secteur de la cybersurveillance peu réglementé». Pour la secrétaire générale de l'ONG, Agnès Callamard, les récentes révélations montrent «clairement les dangers et les préjudices auxquels sont exposées les personnes illégalement prises pour cible». Dans le cas de l'affaire Pegasus, les numéros visés sont notamment ceux d'au moins 180 journalistes, 600 hommes et femmes politiques, 85 militants des droits humains ou encore 65 chefs d'entreprise.
Un secteur jugé «dangereux et opaque»
Pour rappel, l'introduction d'un logiciel tel que Pegasus dans un smartphone permet au pirate d'en récupérer les données, mais aussi d'activer les micros à distance. «Le fait que de hauts responsables politiques aient eux-mêmes été pris dans les filets des technologies de surveillance va, espérons-le, alerter enfin les Etats du monde entier sur l'impérieuse nécessité de réagir en règlementant» ces pratiques, écrit Amnesty International.
Il ne s'agit pas tellement d'accuser NSO en particulier, qui «est une entreprise parmi d'autres», précise l'ONG. Le problème est plutôt celui de tout un secteur, jugé «dangereux», «opaque» et «qui opère depuis trop longtemps à la limite de la légalité». C'est pourquoi l'association demande que ce moratoire soit «immédiatement instauré sur l'exportation, la vente, le transfert et l'utilisation des technologies de surveillance», en attendant «qu'un cadre réglementaire respectueux des droits humains soit mis en place».