La peur du chaos. Depuis le départ des troupes américaines d'Afghanistan, le 4 juillet dernier, les talibans montrent leurs ambitions. Après avoir attaqué plusieurs régions, ils se retrouvent en position de force au moment de négocier avec Kaboul, où les autorités centrales sont en difficulté. Deux semaines après le retrait de Washington, CNEWS fait le point sur la situation.
85% du territoire serait contrôlé par les talibans
Depuis quelques semaines, la progression des talibans se poursuit sans relâche, pendant que l'armée afghane peine à conserver le contrôle de son territoire. Le 9 juillet dernier, Shahabuddin Delawar, représentant des talibans, a affirmé que son organisation contrôlait plus de 85% du territoire. La majorité des territoires ruraux ainsi que des postes-frontières stratégiques sont ainsi tombés entre leurs mains, mais ils ne sont pas encore entrés dans les capitales de province.
Le départ des troupes américaines, ainsi que des autres soldats internationaux, a laissé un vide sécuritaire dans la région. L'armée régulière afghane ne semble ainsi pas en mesure de réagir avec force pour contrer les offensives, et ce malgré l'aide de milices locales. Joe Biden maintient que sa décision était la bonne, et a assuré, le 8 juillet dernier, qu'une prise de pouvoir des insurgés n'était pas «inévitable».
270.000 déplacés
La dégradation de la situation en Afghanistan a durement touché les civils. L'ONU met ainsi en avant qu'ils sont les premiers à connaître les conséquences du conflit. En effet, d'après l'agence des Nations unies pour les réfugiés, 270.000 personnes environ ont été contraintes de quitter leur maison depuis janvier. En tout, ils sont plus de 3,5 millions de déplacés à l'intérieur du pays. De plus, en comparaison avec 2020, le nombre de morts civils dans le conflit a augmenté de 29% pendant le premier trimestre de 2021.
850 millions de dollars d'aide demandés
Outre les civils déplacés, les combats apportent d'autres problématiques comme la malnutrition. D'après Ramiz Alakbarov, chef humanitaire de l'ONU en Afghanistan, 18 millions d'Afghans ont besoin d'une assistance. Dès janvier, un appel pour récolter 1.3 milliard de dollars d'aide avait été mis en place. Mais plus de sept mois plus tard, seuls 450 millions de dollars ont été reçus.
Un manque important, d'autant plus que l'Afghanistan a également souffert d'une sécheresse importante cette année, sans parler d'une épidémie de coronavirus considérée comme «hors de contrôle» par les autorités. Un contexte qui permet donc de craindre une véritable bombe à retardement humanitaire dans les semaines et mois à venir.