Le territoire américain a vu s’envoler le nombre de morts liées à la prise de drogue, pour atteindre le chiffre record de 93.000 victimes l’an dernier.
Jamais les Etats-Unis n’avait connu une année aussi tragique concernant le nombre de décès en lien avec les overdoses de drogue. Selon les centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC), le pays a battu de tristes records à ce sujet. A commencer par le plus grand nombre d’overdoses en une année, ainsi que le chiffre maximal de décès liés aux opioïdes, aux opioïdes synthétiques comme le fentanyl et aux stimulants comme la méthamphétamine en un an.
«C’est énorme, c’est historique, du jamais vu, sans précédent et une réelle honte», a indiqué Daniel Ciccarone, professeur de médecine à l’université de San Francisco, en Californie. Les décès ont augmenté dans l’ensemble du pays mais deux Etats sont plus particulièrement touchés : le Dakota du Sud et le New Hampshire. Une situation qui ne cesse de s’aggraver d’année en année et qui s’est naturellement empirée avec la pandémie actuelle.
Une fracture sociale décuplée par le Covid
«Les taux de décès par surdose augmentaient ; ils étaient en plein essor. Certainement, le Covid n’a pas aidé et a probablement exacerbé les choses, mais nous avions vu une augmentation avant», a nuancé Regina LeBelle, directrice par intérim du bureau de la politique nationale de contrôle des drogues, dans les colonnes du New York Times.
Le pic de mortalité d’overdoses aux Etats-Unis a été atteint pendant l’été, moment où le Covid-19 a le plus frappé le pays sur le plan économique, avec de nombreuses fermetures administratives. José Benitez, le directeur exécutif de Prevention Point Philadelphia, explique que son groupe a dû reverser une partie de ses fonds pour le soutien des services luttant contre le coronavirus. Une situation qui a donc marginalisé un peu plus les personnes souffrant de dépendance à la drogue.
L'explosion du fentanyl a joué un rôle déterminant
Cette envolée de la mortalité s’explique enfin par la démocratisation galopante du fentanyl, arrivé depuis sept ans sur la côte Est des Etats-Unis et dont le potentiel analgésique est 100 fois plus puissant que la morphine. En 2018, 32.000 personnes sont mortes d’une surdose impliquant cette drogue et d'autres opioïdes, soit 46% de la part totale des overdoses mortelles du territoire, selon le CDC.
Le fentanyl est responsable de la mort de nombreux artistes, comme Prince en 2016, Dolores O’Riordan (la chanteuse des Cranberries) en 2018, ou encore le rappeur Mac Miller en 2018.