En Birmanie, tous ceux qui s'opposent à la junte militaire en font les frais. A l'image des enseignants qui, d'après leurs représentants syndicaux, sont nombreux à avoir été suspendus pour avoir rejoint un mouvement de désobéissance civile. Samedi 22 mai, ils étaient 125.900 dans ce cas.
Une part importante des 430.000 professeurs que compte le pays, selon des chiffres publiés en 2019, les plus récents en la matière. Le phénomène s'étend jusqu'au personnel universitaire, dont 19.500 membres ont également été suspendus, selon la Fédération des enseignants.
Ce syndicat du Myanmar explique que ces suspensions en cascade interviennent à quelques jours seulement du début d'une nouvelle année scolaire. Alors même que le pays est toujours paralysé depuis que l'armée a pris le pouvoir par la force et renversé le gouvernement élu, en février.
Le président de la Fédération, qui préfère taire son nom par peur des représailles, est convaincu que ces suspensions ne visent qu'à forcer les professionnels de l'éducation à retourner au travail. «S'ils licencient réellement autant de personnes, tout le système s'arrêtera», développe-t-il auprès du Guardian. Recherché par la junte et enseignant lui-même, il assure qu'on lui a promis l'abandon des accusations pesant à son encontre s'il reprenait son poste.
Un système éducatif déjà fragile
Mais, en signe d'opposition au coup d'Etat, certains professeurs ont plutôt décidé de boycotter cette rentrée. Et une partie des familles leur emboîte le pas, refusant de voir l'éducation de leurs enfants prise en charge par la «dictature militaire». Les étudiants qui, depuis le début, sont à l'avant-garde des manifestations quotidiennes, sont aussi nombreux à refuser de retourner en cours dans ces conditions.
Une situation délicate, sachant que le système éducatif birman était déjà l'un des plus fragiles. Même sous la direction d'Aung San Suu Kyi, dirigeante élue du Myanmar, les dépenses allouées à l'éducation étaient inférieures à 2% du produit intérieur brut (PIB), selon les chiffres de la Banque mondiale.
Pour soutenir les professeurs menacés, un gouvernement d'unité nationale, mis en place clandestinement par des opposants à la junte, a demandé aux donateurs étrangers de cesser de financer le ministère de l'Education, désormais contrôlé par l'armée.