Une nomination qui ne passe pas. Trois membres du conseil consultatif du musée d'Auschwitz-Birkenau, en Pologne, ont démissionné de leurs fonctions après que le gouvernement polonais a acté la nomination de l'ancienne Première ministre du pays, Beata Szydlo, pour un mandat de quatre ans au sein de cette instance de réflexion.
Si les membres du conseil consultatif de ce musée érigé pour entretenir la mémoire de ce qui a été le plus grand camp d'extermination d'Europe n'ont pas le droit de vote et n'ont aucune responsabilité juridique, l'arrivée de Beata Szydlo n'en est donc pas moins controversée.
La politicienne de 58 ans - née d'ailleurs à Oświęcim (la dénomination polonaise de la ville d'Auschwitz qui donna son nom au camp, NDLR) - et qui fut à la tête du gouvernement polonais de 2015 à 2017 est en effet membre du parti Droit et Justice (PIS).
Or, la Pologne, sous cette formation d'extrême-droite, a précisément été accusée d’avoir manipulé le bilan historique de la Shoah. Des allégations que le parti a rejetées, affirmant même qu’il préserve le pays de telles manipulations. Reste qu'en 2019, le PIS avait néanmoins adopté une loi controversée qui interdit de blâmer la Pologne dans l'extermination des juifs d'Europe.
Beata Szydlo elle-même a fait l'objet de plusieurs controverses. En 2017, rappelle Associated Press (AP) qui se fait l'écho de toute cette affaire vendredi 16 avril, elle avait ainsi sembler défendre la politique anti-migrants de la Pologne, lors d'une cérémonie mémorielle organisée dans l'ancien camp d'extermination nazi. «Dans les temps perturbés que nous traversons aujourd'hui, Auschwitz est une excellente leçon montrant que tout doit être fait pour protéger la sécurité et la vie de ses citoyens», avait-elle déclaré.
Tout ce passif a donc constitué une raison suffisante pour que trois membres du conseil consultatif du musée d'Auschwitz-Birkenau claquent la porte cette instance qui en compte neuf, quand bien même elle se limite essentiellement à se réunir une fois par an pour conseiller le directeur du musée. Le conseil consultatif est en outre distinct du Conseil international d'Auschwitz, qui, lui, est composé de survivants de l'Holocauste et d'experts.
Première personnalité à avoir démissionné pour protester contre la nomination de Szydlo, le philosophe Stanislaw Krajewski a expliqué à AP que sa démission constituait une réponse à la «politisation» du groupe, ajoutant qu'il était mal à l'aise avec l'arrivée de personnalités politiques.
«Il est difficile de dire ce qui se passerait, mais cela changerait considérablement la nature du corps», a-t-il considéré. Son départ se fait aux côtés de l'historien Marek Lasota et d'une ancienne directrice adjointe du musée d'Auschwitz, Krystyna Oleksy.