Le prince Philip, époux de la reine Elizabeth II, s'est éteint ce vendredi à l'âge de 99 ans au château de Windsor, a annoncé la famille royale. Le Royaume-uni est en deuil après la disparition de cet homme au fort caractère, connu aussi pour ses remarques politiquement incorrectes.
«C'est avec un profond chagrin que Sa Majesté la reine annonce la mort de son époux bien aimé, Son Altesse royale le prince Philip, duc d'Edimbourg (qui est décédé) paisiblement ce matin», peut-on lire dans le communiqué officiel publié par le palais de Buckingham.
It is with deep sorrow that Her Majesty The Queen has announced the death of her beloved husband, His Royal Highness The Prince Philip, Duke of Edinburgh.
His Royal Highness passed away peacefully this morning at Windsor Castle. pic.twitter.com/XOIDQqlFPn— The Royal Family (@RoyalFamily) April 9, 2021
Depuis plusieurs mois, la santé du prince Philip, qui devait fêter ses 100 ans en juin prochain, s'était considérablement dégradée. En début d'année, il avait été longuement hospitalisé pour une infection puis une lourde intervention cardiaque. Des problèmes de santé qui ont eu lieu alors que la famille royale traversait une nouvelle crise avec l'interview choc de son petit-fils, le prince Harry, et son épouse Meghan Markle.
Après plus de soixante-dix ans de vie commune, la reine Elizabeth II a, ce vendredi, perdu celui qu'elle considérait comme «son roc».
Une enfance difficile et loin de ses proches
A sa naissance sur l’île de Corfou le 10 juin 1921, il a hérité des titres de Prince de Grèce et du Danemark. Mais alors qu’il n’a que 18 mois, son oncle, roi, est obligé d'abdiquer tandis que son père est banni du pays, après la guerre gréco-turque, obligeant toute la famille à fuir à bord d’un navire de l’armée britannique. Le jeune Philip connaîtra une enfance solitaire, entre une mère schizophrène qui décida de rentrer dans les ordres, et un père parti vivre à Monaco. Il fut envoyé en Écosse pour suivre sa scolarité dans un pensionnat très austère. Une période pendant laquelle il n'obtiendra que peu de nouvelles de ses proches.
Seul un homme veillera sur lui : son oncle, Lord Mountbatten. Ce dernier l’a en effet aidé à réaliser son souhait de devenir marin. A partir de 1939, le prince Philip a suivi les classes au Royal Naval College de Dartmouth, au sud de l'Angleterre. Et c’est là qu’il rencontra la princesse héritière Elizabeth. A seulement 13 ans, elle tomba immédiatement sous le charme de ce militaire de cinq ans son aîné, au regard bleu acier. Le coup de foudre fut immédiat.
Par amour, il abandonna ses rêves
Alors qu’il servait dans la Marine pendant la Seconde Guerre mondiale, le jeune homme s’est rapidement distingué et est devenu l'un des plus jeunes lieutenants de la Royal Navy, voué à une brillante carrière. Une fois le conflit terminé, les fiançailles avec Elizabeth furent prononcées. Mais cette union ne fut pas vue d’un bon œil par la famille de la future reine qui le considérait comme «brutal, sans éducation, et probablement infidèle», selon le secrétaire personnel du roi Georges VI, Alan Lascelles.
Mais Elizabeth n’en a que faire et leur mariage est célébré le 20 novembre 1947. Pour l’amour de sa vie, Philip était prêt à tout et accepta de renoncer aux titres qu'il avait reçus à la naissance mais devint duc d'Édimbourg. Il hérita de la nationalité britannique et adopta le nom - anglicisé - de sa mère, Mountbatten.
Cinq ans après les noces, Elizabeth accéda au trône après le décès de son père, le roi George VI. Et un nouveau destin se présenta pour le prince Philip, qui prêta serment pendant la cérémonie de couronnement d’être «l’homme lige» de la reine, toujours derrière elle. L'homme passionné est alors obligé de mettre un terme à sa carrière militaire. «C'était frustrant, je venais d'être promu commandant. La partie la plus intéressante de ma carrière navale venait seulement de commencer», avoua-t-il, des années plus tard.
Des gaffes et des dérapages souvent pardonnés
Totalement investi dans sa mission et défenseur de l’environnement, le prince Philip s’est engagé corps et âme pour la monarchie, allant jusqu'à devenir parrain de plus de 780 organisations et assumant notamment la présidence du World Wide Fund pendant quinze ans (de 1981 à 1996). Volontiers ironique, l’époux de la reine avait une réputation de gaffeur, et a choqué à de nombreuses reprises à cause de dérapages racistes et de blagues douteuses et sexistes. Comme quand il déclara en 1966 devant des millions de ménagères que «les femmes britanniques ne savent pas cuisiner», ou quand il lança, en 1986, à des étudiants britanniques alors en stage en Chine : «Ne restez pas trop longtemps, sinon vous allez avoir des yeux bridés».
Chef de famille quand son épouse est cheffe d'État, il a entretenu une relation compliquée avec l'aîné de ses quatre enfants, le prince Charles, souvent interprétée comme une répercussion de sa propre enfance, dénuée d'affection parentale. «Charles est un romantique, je suis un pragmatique. Cela signifie que nous voyons les choses différemment», avait-il expliqué à son biographe. Il était aussi le père d'Anne, Andrew et Edward.
Détenteur du record de longévité des conjoints des souverains au Royaume-Uni, le prince Philip avait pris sa retraite publique en 2017, à l'âge de 96 ans, après avoir honoré son 22.219e et dernier engagement solo, celui de passer en revue une parade des Royal Marines, dont il était le général en chef. En janvier 2019, la Land Rover qu'il conduisait avait percuté un autre véhicule en sortant d'une allée du domaine de Sandringham et s'était renversée. Sorti indemne de l'accident, celui qui aimait l'équitation, le polo et collectionnait les tableaux, avait alors renoncé à conduire, signe d'un effacement qui devait s'amplifier.