A elle seule, la thrombose veineuse a amené une quinzaine de pays, dont la France, à suspendre l'administration du vaccin AstraZeneca en pleine pandémie. Cette maladie a été observée chez certains patients ayant reçu une injection, mais ses liens avec le sérum développé à Oxford ne sont pas avérés.
Une enquête préliminaire «menée en urgence» par l'Agence européenne du médicament (EMA) faisait état, au 10 mars, de 30 cas d'«événements thromboemboliques» recensés, sur plus de 5 millions de personnes ayant reçu le vaccin d'AstraZeneca. «Soit une incidence qui n'est pas différente de l'incidence en population générale dans la zone géographique concernée (Union européenne, Norvège et Islande)».
EMA’s safety committee (#PRAC) continues investigation of the #COVID19vaccine Astra Zeneca and thromboembolic events. Check out the latest updates:
https://t.co/5u3ltzNuYd— EU Medicines Agency (@EMA_News) March 15, 2021
Concrètement, environ 300.000 cas de thrombose veineuse sont diagnostiqués en France chaque année. Le dictionnaire Vidal, ouvrage médical français de référence, classe cette pathologie parmi les problèmes de santé «assez fréquents dont la gravité est liée à leurs complications potentielles».
La thrombose veineuse, également appelée phlébite ou thrombophlébite, se caractérise par la formation d'un caillot sanguin dans une veine, lequel bloque partiellement ou complètement le passage du sang. Lorsqu'elle se produit dans un vaisseau situé sous la surface de la peau, elle est douloureuse mais superficielle.
La thrombose veineuse profonde en revanche concerne les veines de gros diamètre et constitue une «urgence médicale». Selon le Vidal, cette forme aggravée de la maladie est à l'origine d'une embolie pulmonaire «dans 20% des cas».
Cette dernière se produit lorsque le caillot sanguin atteint l'une des artères pulmonaires. On recense entre 65.000 et 135.000 cas d'embolie pulmonaire en France chaque année, ce qui en fait la troisième maladie cardiovasculaire après l'infarctus du myocarde et l'accident vasculaire cérébral (AVC).
De multiples facteurs de risque
En matière de thrombose veineuse, les personnes considérées à risque sont notamment toutes celle qui voient, pour une raison ou une autre, «leur mobilité fortement diminuée». C'est pour limiter le risque de phlébite que les bas de contention sont par exemple recommandés lors de longs voyages en avion, ou après une intervention chirurgicale, lorsqu'on doit rester statique.
Sont également concernées les personnes âgées de plus de 75 ans, celles qui ont déjà connu des problèmes veineux ou ont récemment été victimes d'un AVC ou d'un infarctus du myocarde. Une surveillance accrue est aussi recommandée pour ceux qui souffrent d'obésité, de cancer, d'insuffisance cardiaque ou respiratoire ou encore de maladie inflammatoire.
A noter que le risque est «cinq à dix fois plus élevé» pour les femmes enceintes, à la fin de la grossesse et après l'accouchement. La prise d'oestrogènes, via une pilule contraceptive ou un traitement des symptômes de la ménopause sont aussi des facteurs aggravants. De même que la consommation de tabac.
Ce mardi, le ministre de la Santé, Olivier Véran, a fait part de sa volonté de reprendre la vaccination avec le sérum d'AstraZeneca en France. Une intention en accord avec le nouvel avis de l'Agence européenne du médicament publié ce jour, avant une réunion spéciale jeudi, dans lequel elle se dit «fermement convaincue» que les bénéfices du vaccin d'Astrazeneca «l'emportent sur les risques».
Même son de cloche du côté de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) qui souligne l'absence de «rapport» avéré à ce stade entre l'injection et les cas de thrombose veineuse observés chez certains patients. Si des examens concernant les effets indésirables «associés à tous les vaccins» se poursuivent, ces instances s'accordent sur une même consigne concernant celui d'AstraZeneca : celle de reprendre les injections.