La cicatrice ne s'est pas refermée. Le 11 mars 2011, les côtes japonaises ont connu un gigantesque tremblement de terre, qui entraînera un tsunami et la catastrophe nucléaire de Fukushima. Le monde entier assistait alors à un accident de l'ampleur de Tchernobyl en 1986. Et depuis, la question du nucléaire est restée tendue dans le pays.
Dans la foulée de la catastrophe, le Japon avait mis à l'arrêt son parc de centrales à énergie atomique, notamment dans le but d'évaluer leur sécurité et éviter un événement semblable. Mais cette décision s'est avérée difficile à tenir en raison de la pollution. Le pays a en effet connu une augmentation de ses émissions de gaz à effet de serre dans les années qui ont suivi la catastrophe, notamment causée par l'utilisation des centrales à charbon. Ce, alors que le gouvernement avait promis de rendre le Japon neutre en carbone avant 2050.
Pour atteindre cet objectif, un retour important du nucléaire dans le parc énergétique national a donc été décidé. En 2018, le Premier ministre Shinzo Abe renversait donc la décision de son prédécesseur de sortir de l'énergie atomique avec un plan pour y revenir massivement. L'objectif est que 20% environ de l'électricité produite soit tirée des centrales nucléaire d'ici à 2030. En 2019, selon une étude réalisée par BP, ce chiffre atteignait 3%, contre 26% pour le charbon.
Les règles de sécurité autour des centrales ont été largement renforcées depuis la catastrophe. Des travaux pour mettre aux normes celles-ci ont été engagés. Si le pays veut atteindre ses engagements pour 2030, 27 des 36 réacteurs nucléaires encore en état devront être mis en service, alors que seulement neuf sont en marche pour le moment d'après l'agence de presse Bloomberg.
Les Japonais hostiles à une reprise du nucléaire
Mais cette politique n'est pas acceptée par toute la population japonaise, en particulier dans les régions qui accueillent les centrales. Selon un sondage, 39% de la population estimait dans un sondage publié par PR Times que 39% des habitants étaient pour une sortie totale du nucléaire. Mais les obstacles ne s'arrêtent pas là. En décembre 2020, la mise en marche d'une centrale à Oi, au nord de Kyoto, a été annulée par un tribunal suite à une plainte des riverains. La justice a estimé que l'approbation fournie par l'Autorité de régulation du nucléaire ne respectait pas les normes sismiques. Cette seule décision met donc en difficulté le gouvernement dans sa course pour la remise en marche des centrales et son combat contre les émissions de gaz carbonique. Un appel a d'ailleurs été déposé.
La peur est d'autant plus présente que le tremblement de terre de Fukushima n'était pas un accident de l'histoire. Le Japon est régulièrement soumis à des secousses de grande ampleur pouvant créer de nouveaux tsunamis, et de nouveaux dégâts sur les centrales nucléaires. Un nouveau séisme d'une magnitude 7,3 sur l'échelle de Richter s'est d'ailleurs fait ressentir près de Fukushima le 13 février dernier. De quoi raviver, encore un peu plus, les inquiétudes japonaises.