Deux semaines après le coup d'Etat militaire en Birmanie, qui y a fait naître un mouvement de contestation inédit, la répression de la junte contre les manifestants se durcit. Dimanche, l'armée au pouvoir a amendé le code pénal, de façon à ce que les protestataires risquent désormais jusqu'à 20 ans de prison.
Si les nouvelles lois ne visent pas explicitement les manifestants pro-démocratie, elles les ciblent dans les faits. L'incitation à la haine du gouvernement ou de l'armée ou l'entrave au travail des forces de sécurité engagées dans la préservation de la stabilité de l'Etat sont désormais passibles de 20 ans de prison.
Les personnes reconnues coupables d'entrave aux forces de l'ordre dans l'exercice de leurs fonctions risquent sept ans d'emprisonnement, et trois ans pour des faits de diffusion de la peur ou de fausses nouvelles, ou d'agitation contre des employés du gouvernement, selon les amendements publiés sur un site web militaire ce lundi.
«C'est comme si les généraux avaient déclaré la guerre au peuple birman», a tweeté dimanche Tom Andrews, rapporteur spécial de l'ONU pour la Birmanie, citant des exemples de la répression à grande échelle que mène le régime militaire : «raids nocturnes; nombreuses arrestations; droits supprimés; coupure d'internet; convois militaires déployés.» «A l'attention des généraux : vous serez tenus pour responsables», a-t-il averti, alors qu'environ 400 personnes ont été arrêtées depuis le putsch du 1er février.
It's as if the generals have declared war on the people of Myanmar: late night raids; mounting arrests; more rights stripped away; another Internet shutdown; military convoys entering communities. These are signs of desperation. Attention generals: You WILL be held accountable. pic.twitter.com/lf6mBq5vPH
— UN Special Rapporteur Tom Andrews (@RapporteurUn) February 15, 2021
Ce tour de vis répressif semble avoir l'effet escompté pour l'armée, qui a expliqué avoir pris le pouvoir en raison d' «énormes» fraudes supposées aux législatives de novembre, massivement remportées par le parti d'Aung San Suu Kyi, arrêtée le 1er février.
Ce lundi, les manifestants étaient en effet moins nombreux que les jours précédents à défiler à travers le pays, sans doute par peur des représailles. Certains ont encore à l'esprit les soulèvements populaires de 1988 et 2007, matés dans le sang par les militaires.