La découverte pourrait avoir un impact majeur sur l'étude des exoplanètes. Une équipe internationale de chercheurs est parvenue à capter des ondes radio «probablement» émises par une planète en dehors de notre système solaire.
Grâce au radiotéléscope européen LOFAR, les chercheurs ont détecté des ondes radios émises par le système Tau Bootis, situé à 51 années-lumière de nous. Problème : ils ne savent pas encore si les ondes proviennent de l'exoplanète, une géante gazeuse, ou de l'étoile autour de laquelle elle tourne.
«Nous restons très prudents», affirme Philippe Zarka, l'un des auteurs de l'étude parue dans Astronomy & Astrophysics ce 9 décembre. «Il nous faut des informations annexes pour confirmer qu'il s'agit bien d'une émission de l'exoplanète.» Mais s'il s'avère que cette exoplanète, baptisée Tau Bootis-b, émet des ondes radio, cela signifierait alors qu'elle possède un champ magnétique. Or, jusqu'à présent, il n'y avait aucun moyen de savoir si les exoplanètes étaient - ou non - magnétisées.
Une grande avancée pour la recherche
Concrètement, à quoi ça sert ? Principalement à avancer dans la recherche sur les magnétosphères : ces «bulles» qui protègent les planètes des rayons cosmiques. Six planètes du système solaire possèdent des magnétosphères, dont la Terre. Mais c'est trop peu pour que les scientifiques puissent en établir les caractéristiques globales. Connaître plus de planètes magnétisées serait donc un gros avantage pour consolider leurs théories.
«Par exemple, il y a vingt-cinq ans, on pensait que toutes les planètes rocheuses étaient proches de leur étoile, et que les planètes gazeuses en étaient loin», explique Philippe Zarka. «Et puis, on a découvert certaines exoplanètes qui ont complètement invalidé cela.» De la même manière, les champs magnétiques des exoplanètes pourraient bouleverser les connaissances déjà acquises sur ce sujet.
Critère d'habitabilité
Et ce bouleversement aurait un intérêt majeur. Posséder un champ magnétique est en effet «un facteur qui favorise l'habitabilité d'une planète», confirme Philippe Zarka. Les planètes magnétisées seraient donc plus à même d'abriter une autre forme de vie. Attention cependant : être magnétisée ne suffit pas à être habitable. La température de Tau Bootis-b est par exemple bien trop élevée.
A l'avenir, les chercheurs pourraient donc vérifier si les exoplanètes potentiellement habitables possèdent ou non des champs magnétiques. Mais cet objectif n'est pas encore d'actualité. Capter des ondes radios demeure en effet extrêmement ardu. Les scientifiques se concentrent donc pour l'instant sur des systèmes comme Tau Bootis : leur planète n'est de toute façon pas habitable, mais les ondes émises sont plus intenses et donnent plus de chances de capter un signal. «Nous commençons par ce qui est le moins difficile», explique Philippe Zarka. «Nous sommes toujours en train de mettre au point la méthode.»
Une méthode qui devrait encore s'affiner dans les prochains mois, avec la confirmation - ou non - que les ondes radios perçues sont bien émises par Tau Bootis-b.