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Coronavirus : durée de protection, effets secondaires… Quelles inconnues subsistent sur les vaccins ?

La durée de protection du vaccin contre le Covid-19 fait partie des principales inconnues. La durée de protection du vaccin contre le Covid-19 fait partie des principales inconnues. [Yasin AKGUL / AFP]

Les annonces successives de l'efficacité de plusieurs projets de vaccins contre le coronavirus (Pfizer et BioNTech, Moderna, AstraZeneca...) suscitent un vaste élan d'espoir. Malgré tout, il faut se garder de crier victoire trop vite, plusieurs questions sur ces potentiels remèdes restant en suspens.

Quelle durée de protection ?

Si Pfizer et BioNTech, Moderna, AstraZeneca et Oxford, et l'institut Gamaleïa ont tous communiqué des taux d'efficacité impressionnants de leur vaccin contre le Covid-19, il reste une inconnue de taille au sujet de la protection apportée par leurs remèdes : sa durée.

Dans le cas de Pfizer et BioNTech par exemple, l'efficacité de 95 % a été calculée 28 jours après la première dose et sept jours après la deuxième dose. Pour le vaccin russe Spoutnik V (95 % aussi), 42 jours après la première dose (soit 21 jours après la deuxième dose). La protection a été observée deux semaines après la seconde dose dans le cas du vaccin de Moderna (94,5 % d'efficacité), et «quatorze jours ou plus» après que les volontaires ont reçu deux doses pour le projet d'AstraZeneca et Oxford (70 %).

Et après ? Combien de temps le vaccin sera-t-il efficace ? Seul l'avenir nous le dira, les tests à grande échelle, dits de phase 3, ayant démarré il y a trop peu de temps pour avoir le recul nécessaire. «Les essais cliniques antérieurs, de phase 2, suggèrent que les anticorps pourraient persister au moins plusieurs mois. On peut donc espérer par extrapolation que la protection clinique persisterait aussi autant de temps», explique Judith Mueller, médecin épidémiologiste à l'Institut Pasteur et à l'Ecole des hautes études en santé publique (EHESP).

Quels effets secondaires ?

Parmi les quatre laboratoires ayant publié leurs résultats de phase 3, aucun n'a fait état d'effets secondaires graves après l'injection du vaccin. Seuls quelques légers désagréments (fatigue, maux de tête, douleurs au point d'injection...) ont été observés chez une minorité des volontaires.

«Mais on s’accorde à penser que des événements graves peuvent survenir jusqu’à 6 mois après une vaccination, et il peut exister des effets secondaires très rares que l’on ne verra pas tant qu’on n’aura pas vacciné un très grand nombre de personnes», souligne au Figaro la vaccinologue Marie-Paule Kieny, présidente du comité Vaccin Covid-19.

Judith Mueller se veut malgré tout rassurante. «Par extrapolation, on peut prendre l’hypothèse que, chez les personnes à risque (personnes âgées, souffrant d'obésité, de diabète ou encore d'hypertension, NDLR), la fréquence d’une forme de Covid-19 extrêmement dangereuse sera largement supérieure à la fréquence hypothétique d’un événement indésirable grave, à condition que le vaccin soit efficace», avance la médecin épidémiologiste.

De quoi protègent-ils ?

Tous les communiqués de presse publiés par les laboratoires pour se féliciter de leurs résultats de phase 3 parlent d'«efficacité». Mais d'efficacité contre quoi ? Il n'est jamais précisé si les vaccins empêchent l'infection par le coronavirus, ou s'ils protègent seulement contre les formes graves de la maladie.

Cette donnée est pourtant très importante pour pouvoir définir la stratégie de vaccination. «Un vaccin qui protège contre les formes graves de la maladie peut être utilisé en premier lieu pour protéger les personnes les personnes les plus à risque», indique Judith Mueller, tandis qu' «un vaccin qui réduit fortement le risque d’infection peut être utilisé dans une stratégie visant à bloquer la transmission du virus et ainsi ralentir voire arrêter l’épidémie».

Sont-ils efficaces chez les personnes à risque ?

En l'absence pour l'instant d'études scientifiques dans lesquelles les résultats annoncés par les laboratoires seront détaillés, il n'est pas possible de savoir si l'efficacité de ces vaccins concerne également les personnes à risque face au coronavirus.

En effet, «les communiqués de presse des laboratoires mentionnent seulement l’inclusion dans leurs essais cliniques de personnes âgées de plus de 65 ans, sans donner des résultats spécifiques à ces sous-groupes», note Judith Mueller, «à l’exception de Pfizer, qui mentionne une efficacité de 94 % chez les plus de 65 ans, mais sans détails supplémentaires». Du côté de Moderna par exemple, on donne des précisions sur le profil des 95 personnes ayant contracté le virus pendant ses tests, mais sans dire lesquelles faisaient partie du groupe ayant été vacciné et lesquelles avaient reçu un placebo.

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