Méconnu du grand public en dehors des Etats-Unis, Mitch McConnell est un personnage incontournable de la politique américaine. Le sénateur du Kentucky, leader de la majorité républicaine au Sénat, n'est autre que «le républicain le plus puissant de Washington» selon le Financial Time. Ce n'est pas anodin quand l'on sait que Donald Trump dort toujours à la Maison Blanche.
Elu de longue date
La politique est toute la vie de Mitch McConnell. Ce dernier, né en 1942 dans le Kentucky, n'a presque connu que cela de sa vie d'adulte. Engagé et idéaliste dans ses jeunes années, il a par exemple assisté au discours «I have a dream» de Martin Luther King à Washington D.C. en 1963.
Après ses études, il a commencé à travailler autour de différents politiciens. Alors plutôt modéré, il se fait élire sénateur du Kentucky en 1984. Il n'a jamais perdu une réélection depuis.
Son expérience de Washington D.C. et ses relations avec les différents membres du Congrès lui ont donné l'opportunité d'être élu leader des républicains au Sénat en 2015. Ce poste lui donne un pouvoir immense. En effet, toutes les lois doivent être validées par le Sénat avant d'être appliquées. Il en va de même pour les nominations dans l'administration américaine ou à la Cour suprême.
«Je suis celui qui décide de ce que nous observons, c'est ma responsabilité en tant que chef de la majorité», expliquait-il par exemple à Fox News en 2018. Pour faire simple : rien ne se passe sans son aval.
Le facilitateur de Donald Trump
Lorsque Donald Trump était le candidat officiel des républicains en 2016, beaucoup s'inquiétaient de l'avenir du pays et du futur du parti républicain. Les espoirs des plus modérés se dirigeaient alors vers Mitch McConnell et son pouvoir au Sénat. «Il ne va pas changer le programme du parti républicain (...). Je pense que nous devrions plutôt le changer lui», expliquait-il d'ailleurs à CNBC à l'été 2016.
Mais bien loin de contrôler l'ancien homme d'affaires, Mitch McConnell a au contraire tout fait pour faciliter le programme de Donald Trump. Lors du procès en destitution du président, le sénateur a par exemple empêché les témoins de venir s'exprimer au Sénat pour faciliter son acquittement.
Plus récemment, alors que le pays était touché de plein fouet par le coronavirus, il a bloqué un plan de soutien à l'économie au Congrès, estimant que cela pouvait endommager les chances de réélection de Donald Trump selon des informations du New York Times.
Ami et futur ennemi de Joe Biden
En bon politicien, Mitch McConnell ne possède pas de relations qu'avec le camp républicain. Il est, d'ailleurs, ami avec Joe Biden. Les deux hommes ont en effet passé de longues années ensemble sur les bancs du Sénat, et se connaissent très bien. Lorsque l'ancien vice-président avait quitté l'institution en 2016, le républicain lui avait rendu un hommage appuyé : «vous avez été un vrai ami, un partenaire de confiance, et ça a été un honneur de servir avec vous». Il ne se doutait semble-t-il pas que Joe Biden, âgé de 74 ans à l'époque, serait élu président quatre ans plus tard.
Mais cette amitié entre les deux hommes ne devrait pas rendre la tâche plus facile pour le démocrate. Mitch McConnell n'a par exemple toujours pas reconnu que ce dernier a remporté l'élection, gardant sa loyauté pour le président en place. Des observateurs lui reprochent de ne pas respecter les institutions par peur de perdre les voix de la base électorale trumpiste dans les élections à venir. Mais cela ne s'arrêtera pas là. S'il le veut, Mitch McConnell peut considérablement handicaper le mandat de Joe Biden, qui devra faire des compromis sérieux avec les républicains pour mettre en place sa politique.
Un des élus les plus détestés d'Amérique
Malgré sa longévité au Sénat et ses relations à Washington D.C., Mitch McConnell ne semble pas être apprécié du grand public. Selon Morning Consult, qui étudie la popularité des politiciens, il est en effet l'un des sénateurs les plus détestés des Etats-Unis, avec 50% d'opinion défavorable. Seule Susan Collins, élue d'Alaska, fait moins bien que lui. Il a cependant fort à parier que, étant tout juste réélu dans son Etat du Kentucky, cela ne l'empêche pas de dormir.