La planète K2-141b n'a pas encore révélé tous ses secrets mais une chose est sûre : on ne peut pas la qualifier d'habitable. Quatre astrophysiciens ont modélisé les conditions météorologiques de cette exoplanète située à près de 200 années-lumière de la Terre, entre océan de magma, pluies de roches et vents supersoniques.
K2-141b est ce qu'on appelle une «planète de lave». Cela signifie qu'elle orbite si étroitement autour de son étoile que les températures y sont extrêmes. Dans la chaleur comme dans le froid. Selon l'étude publiée dans Monthly Notices of the Royal astronomical society, la gravitation de cette exoplanète est verrouillée, si bien que le côté qui fait face à l'étoile est toujours le même. Les deux tiers de K2-141b sont donc soumis à une lumière du jour perpétuelle tandis que la partie restante est constamment plongée dans l'obscurité.
Research from #McGill, @yorkuniversity and @iiserkol scientists finds that lava exoplanets can feature the evaporation and precipitation of rocks , supersonic winds that rage over 5000 km/hr, and a magma ocean 100 km deep . https://t.co/bGd0I5uFRt pic.twitter.com/7NEP4jNFAG
— McGill University (@mcgillu) November 4, 2020
Là où la lumière règne, les températures peuvent atteindre près de 3.000 degrés celsius. Cette atmosphère est suffisamment brûlante pour faire fondre les roches mais aussi pour les vaporiser. Si bien que la surface, l'océan et l'atmosphère de cette planète de la taille de la Terre sont tous composés d'une seule et même matière : la roche.
Pour expliquer ce phénomène, les scientifiques font le parallèle avec le cycle de l'eau terrestre. Sur la planète bleue, l'eau s'évapore, monte dans l'atmosphère, se condense et retourne à la surface sous forme de pluie. Sur K2-141b il se passe la même chose... avec des roches.
Le sodium, le monoxyde de silicium et le dioxyde de silicium se transforment en vapeur minérale que des vents à près de 5.000 km/h transportent jusqu'au côté de la planète plongé dans la nuit perpétuelle et le froid glacial. Refroidis, les minéraux pleuvent sous forme de roches et rejoignent un océan de lave en fusion qui s'écoule en direction de la partie brûlante de l'exoplanète. Et ainsi de suite.
Mais les chercheurs pensent que la composition minérale de K2-141b pourrait changer avec le temps et ainsi modifier sa surface et son atmosphère. Selon Nicolas Cowan, planétologue à l'université canadienne McGill et coauteur de l'étude, «toutes les planètes rocheuses, y compris la Terre, ont commencé comme des mondes en fusion, mais se sont ensuite rapidement refroidies et solidifiées».
Pour confirmer ou non leur prédiction, les chercheurs attendent de pouvoir observer cette planète de lave à l'aide du télescope spatial James Webb, le successeur de Hubble qui doit être lancé en 2021.