Tandis que la seconde vague du coronavirus commence à submerger le monde, un pays semble résister mieux que les autres face à la multiplication des contaminations : la Suède.
Depuis la mi-août, elle présente en effet un nombre d’infections allant de 150 à 300 cas par jours, pour 10 millions d’habitants, a recensé Le Parisien. Soit 20 à 47 fois moins qu’en France (de 3.000 à 14.000 cas), alors que son nombre d’habitants est seulement sept fois inférieur. Lors des deux dernières semaines, pour 100.000 personnes, la Suède a compté 28 contaminations contre 186 pour la France, 300 pour l’Espagne ou 65 pour la Suisse.
Des statistiques que des experts, comme le Danois Kim Sneppen, lient à «une certaine immunité collective» obtenue par les Suédois contre le Covid-19. «Cette immunité, ajoutée aux gestes barrières, suffit pour garder la maladie sous contrôle. L’épidémie pourrait avoir été endiguée», estime-t-il. Mais de quelle façon le pays scandinave a-t-il pu en arriver là ?
Une immunité à 43% d'anciens malades ?
Depuis le début de la pandémie, la Suède s’est démarquée des autres pays européens. Elle n’a pas imposé de confinement strict (les écoles, commerces et restaurants sont par exemple restés ouverts) et n’oblige pas le port du masque ailleurs que dans les hôpitaux et les établissements de santé. Si la population s’est d’elle-même préservée, en évitant les regroupements, les bars, ou en ne prenant plus certains transports, le virus pouvait toujours circuler et se transmettre, à l’inverse des pays où les habitants ne devaient pas sortir de chez eux.
Or, l’immunité collective intervient quand environ 60% d’une population a développé des anticorps l’empêchant d’être à nouveau contaminée par un virus. Une étude de l’université de Stockholm précise même que dans le cas du Covid-19, le taux de 43% pourrait suffire, si les personnes concernées sont parmi les plus actives de la société (qui travaillent, qui sortent, qui pratiquent des loisirs). Du fait de son non-confinement, la Suède aurait ainsi permis d’atteindre ce seuil.
Un grand nombre de morts par rapport à sa population
L’épidémiologiste suédois Jonas Ludvigsson, qui a mené une étude sur la stratégie de son pays durant les huit premiers mois de l’épidémie, rappelle cependant que si les décisions prises ont été les bonnes sur le long terme, «l’immunité collective n’a en tout cas jamais été un objectif pour les autorités». En n’imposant pas de règles strictes à sa population, qui a néanmoins eu un comportement exemplaire et respecté les consignes données par les autorités, la Suède serait donc parvenue sans le vouloir à atteindre l’immunité tant recherchée.
Une idée à prendre cependant avec des pincettes, puisque l'agence publique suédoise s'est inquiétée mardi 22 septembre de «signes d'augmentation de l'infection» à Stockholm, en envisageant même la mise en place de nouvelles restrictions. Il se pourrait que la Suède connaisse à l'automne le même cas de figure que cet été, où après avoir vu le nombre de cas rester bas très longtemps, il avait soudainement explosé en plein mois de juillet.
Pour nuancer également cette politique de l'immunité politique, il est nécessaire de rappeler que cette finalité s’est payée au prix fort. Avec plus de 5.800 décès, la décision de ne pas confiner la population a fait de la Suède l’un des pays les plus meurtris au monde par le Covid-19 par rapport à son nombre d’habitants.