Avec près de 300.000 morts, les Etats-Unis sont de très loin le pays du monde le plus endeuillé par le coronavirus. Un chiffre considérable, qui s'explique en partie par la démographie américaine et ses près de 330 millions d'habitants. En regardant cette fois-ci la mortalité en proportion de la population, on se rend compte que les Etats-Unis sont relativement moins affectés par le Covid-19 que plusieurs pays.
Le premier d'entre eux est la Belgique. Le petit pays européen de 11,5 millions d'habitants détient le titre peu convoité de territoire du monde comptant le plus de morts du coronavirus par habitant (156,7 pour 100.000 personnes). Il devance le Pérou (112,8) et l'Italie (106,9), désormais le pays d'Europe le plus endeuillé (64.500 décès), juste devant le Royaume-Uni.
Epicentre de la pandémie, l'Europe, qui concentre près de la moitié des nouveaux décès dus au Covid-19 et plus d'un tiers des nouveaux cas sur la planète, truste les premières places de ce triste classement. Sur les dix pays à la mortalité par habitant la plus élevée, huit sont des Etats du Vieux Continent.
Exceptées la Belgique, 1ère, et l'Italie, 3e, on retrouve la Bosnie-Herzégovine, 4e (102,7 morts par habitant), la Macédoine du Nord, 5e (102,1), l'Espagne, 6e (101,5), la Slovénie, 7e (101,3), le Royaume-Uni, 8e (96,4) et le Monténégro, 9e (93,5).
Dixièmes de ce classement, avec 91,2 morts pour 100.000 habitants, les Etats-Unis sont même talonnés par l'Argentine (90,7) et la République tchèque (90,2). La France arrive en 14e position (86,6), avec 1,8 fois moins de victimes par habitant que la Belgique.
En retirant le biais démographique, le funeste palmarès des pays les plus frappés par le coronavirus est donc totalement chamboulé. Le Brésil, l'Inde et le Mexique, respectivement 2e, 3e et 4e Etats les plus endeuillés par le virus dans le monde (avec plus de 100.000 morts chacun), n'apparaissent même pas dans le top 10, en raison de leur importante population.
A l'inverse, de petits pays, peu peuplés, figurent dans ce top 10, avec seulement quelques milliers voire centaines de morts du coronavirus. C'est le cas par exemple de la Bosnie-Herzégovine (3.400 morts), de la Macédoine du Nord (2.100 morts), de la Slovénie (2.100 morts) et du Monténégro (600 morts).
Des méthodes de comptage différentes
Même si ces chiffres permettent d'avoir une analyse plus fine de la situation épidémique dans chaque pays, ils doivent être comparés avec prudence. Par exemple, si la Belgique est, en termes relatifs, le pays du monde le plus touché par le coronavirus, c'est en partie parce que les autorités sanitaires comptabilisent dans leur bilan les morts suspectées d'être liées au Covid-19 dans les maisons de retraite, sans que cela ait été nécessairement prouvé par un test.
En Espagne, en Italie ou en Allemagne, seules les personnes testées positives au coronavirus, que ce soit avant ou après leur mort, entrent dans les statistiques. En France, les «cas possibles et confirmés décédés» en Ehpad sont inclus dans le bilan depuis le 2 avril, a indiqué en avril dernier la Direction générale de la santé au Parisien. Quant à la Russie, elle ne comptabilise que les décès dont le Covid-19 est considéré comme la cause principale, une méthode qui expliquerait selon elle sa faible mortalité par habitant (32,4 pour 100.000 personnes).
Manque de tests et de transparence
Faute de tests en nombre suffisant, les statistiques officielles de mortalité dans de nombreux pays pourraient être faussées, rendant difficile la comparaison des décès par habitant. C'est le cas par exemple au Pérou, où la presse locale a estimé fin juillet le véritable bilan humain à 44.000 morts en incluant les cas suspects, un chiffre supérieur d'environ 7.000 personnes aux données officielles actuelles.
Même constat en Inde, où nombre de décès sont en plus mal documentés. Aux Etats-Unis aussi, les experts affirment que le bilan est à prendre avec des pincettes en raison du manque de tests au début de la pandémie.
Des tests en trop petit nombre qui s'ajoutent dans certains pays à un manque de transparence. En Chine, les milliers d'urnes funéraires livrées en mars dernier à Wuhan, où est apparu le virus en fin d'année dernière, ont semé le doute. Ils ont conduit certains observateurs à estimer à environ 40.000 le nombre de morts du coronavirus rien qu'à Wuhan, soit dix fois plus que le bilan officiel dans la mégapole (environ 4.000 décès), qui a été revu à la hausse de 50 % par les autorités en avril.
Le même scepticisme subsiste sur les chiffres de la pandémie au Brésil, où le président Jair Bolsonaro minimise depuis le début sa gravité. En juin dernier, le gouvernement du dirigeant d'extrême droite a même cessé de publier les bilans sanitaires quotidiens, avant d'y être obligé par la Cour suprême. En Russie, les statistiques de surmortalité globale (165.000 décès de plus entre mars et octobre 2020 par rapport à l'an dernier) semblent contredire les chiffres officiels sur le Covid-19, laissant planer le doute sur leur véracité.