30 mars 1956 : le volcan Bezymianny, pourtant considéré comme éteint depuis plus de 1.000 ans, explose brutalement. Situé dans la péninsule du Kamchatka, en Russie, il entre dans une violente éruption durant laquelle il perd environ 300 mètres de hauteur. Resté actif depuis, le volcan est aujourd'hui quasiment revenu à sa taille d'origine, en un peu plus de 60 ans.
Selon les scientifiques qui étudient le phénomène, cette renaissance est due à une activité magmatique particulièrement intense. Depuis l'explosion de 1956, le Bezymianny recrache 26.400 mètres cubes de lave chaque jour.
The study is based on 70 years photogrammetric data acquired at Bezymianny volcano, Kamchatka. pic.twitter.com/t7sfIO0VV5
— TR Walter (@VOLCAPSE) September 10, 2020
Dans une étude publiée dans la revue scientifique Communications Earth and Environment, ces chercheurs expliquent que deux cheminées se sont formées sur le flanc pulvérisé du volcan lors de son éruption. Celles-ci ont donné lieu à deux dômes de lave qui, à force d'être alimentés, ont fini par se rejoindre, participant à la construction d'un nouveau cône, consolidé par l'apport régulier en matière.
Le Bezymianny doit cette activité soutenue à sa situation géographique. Tous les volcans de la chaîne de Kuril-Kamchatka sont dans le même cas, car situés sur une faille de subduction, c'est-à-dire là ou une plaque tectonique océanique plonge sous une autre plaque avant de s'enfoncer dans le manteau terrestre.
D'autres cas de cônes volcaniques «repoussés» après éruption ont été documentés. On peut citer le Mont Saint Helens (Etats-Unis), la Soufrière (Guadeloupe), le Santa Maria (Guatemala) ou encore Ritter Island (Papouasie-Nouvelle-Guinée). Mais il est en revanche très rare que le volcan atteigne sa taille d'origine après reconstruction. Surtout en si peu de temps.
Une nouvelle explosion imminente ?
«Dans la plupart des cas, ce processus dure des milliers d'année», assurent les auteurs de l'étude, qui citent l'exemple du Colima au Mexique, qui a retrouvé son dôme initial au bout de 4.000 ans. Si la croissance rapide du Bezymianny enthousiasme les scientifiques par son caractère unique, elle pourrait aussi annoncer une nouvelle explosion imminente.
Les analyses montrent que la lave recrachée par le volcan est de moins en moins visqueuse et donc de moins en moins solide, fragilisant l'ensemble de la structure. A cela s'ajoutent les deux dernières éruptions qui ont eu lieu en 2019 et ont accentué l'inclinaison des flancs du volcan. Le tout faisant craindre un nouvel effondrement, même partiel.
Heureusement, si le Brezymianny connaît une nouvelle éruption violente, il y a de fortes chances pour qu'elle ne fasse pas de victime puisque la zone est inhabitée. Reste à savoir s'il saura repousser une deuxième fois.