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Le patron de Suez ferme la porte à l'offre «aberrante» de Veolia

Photomontage réalisé le 3 septembre 2020 des portraits du directeur général de Suez, Bertrand Camus (G) posant le 14 novembre 2019 à Paris et et de celui du PDG de Veolia Antoine Frérot photographié le 10 janvier 2018 à Paris [Joël SAGET / AFP/Archives] Photomontage réalisé le 3 septembre 2020 des portraits du directeur général de Suez, Bertrand Camus (G) posant le 14 novembre 2019 à Paris et et de celui du PDG de Veolia Antoine Frérot photographié le 10 janvier 2018 à Paris [Joël SAGET / AFP/Archives]

«Aberrante pour Suez et funeste pour la France»: le patron de Suez a fermé la porte à tout rapprochement amical avec Veolia dimanche, dénonçant une opération hostile et «une tentative de déstabilisation majeure d'une entreprise phare de notre pays».

Dans un entretien au Figaro, Bertrand Camus dénonce «une opération financière opportuniste, avec une démarche baroque» qui «sous-valorise les actifs de Suez», dont le titre en Bourse a chuté avec la crise sanitaire alors même que le groupe est «en train de renouer avec la croissance».

En rachetant à Engie 29,9% de Suez pour 2,9 milliards d'euros, Veolia «mettrait immédiatement la main sur son véritable concurrent avant même de lancer une éventuelle OPA», qui paralyserait Suez «pendant 12 à 18 mois», alors que nous devons répondre en permanence à des appels d'offres», plaide M. Camus.

Si le PDG de Veolia Antoine Frérot affirme vouloir construire un «champion mondial de la transformation écologique» (eau, traitement des déchets,gestion de l'énergie) pesant plus de 40 milliards d'euros, le patron de la proie juge l'opération proposée «aberrante pour Suez et funeste pour la France».

M. Camus y voit une «tentative de déstabilisation majeure d'une entreprise phare de notre pays».

Annoncée il y a une semaine, l'offre de rachat de Veolia avait déjà été vigoureusement repoussée par M. Camus dans une lettre aux salariés où il dénonçait, mercredi, des «risques majeurs et des incertitudes fortes, en particulier sur nos équipes, nos emplois, l'avenir de nos activités Eau en France».

Inquiets, tous les syndicats de Suez ont appelé les salariés, «quels que soient leurs pays» à arrêter le travail deux heures mardi matin pour marquer leur «détermination à lutter» contre le projet de Veolia.

Dimanche, le patron de Suez a rejeté tout dialogue avec le patron de Veolia, affirmant: «Nous avons trop de divergences sur l'avenir des deux groupes».

«Suez n'a pas besoin de se marier: nous sommes déjà le leader mondial de la distribution d'eau, avec 145 millions d'habitants desservis» et «depuis plusieurs années, Suez a un projet différent de Veolia, fondé sur des choix stratégiques qui accordent la priorité aux innovations technologiques et au digital», a-t-il plaidé.

«Casse sociale»

Tirant à boulets rouges sur l'offre du numéro un mondial des services à l'environnement, M. Camus estime que son concurrent «ne propose pas un projet industriel»: «il propose de démanteler 40% de notre activité en France».

Et «les 500 millions d'économies qu'il envisage auront un impact sur des milliers d'emplois en France et chez l'ensemble de nos clients dans le monde», met en garde le patron de Suez, en ajoutant: «les méga fusions sont synonymes de casse sociale».

Suez compte 90.000 salariés dans le monde, dont 30.000 dans l'Hexagone.

«Nous avons en France deux champions mondiaux, et l'on risque de finir avec un seul acteur, affaibli. C'est la France qui y perdrait», plaide M. Camus. «Ce qui compte c'est l'innovation, l'agilité pas la taille !».

Plus tôt dimanche, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire avait estimé que «toute offre peut toujours être améliorée», lors de l'émission Grand Jury d'Europe1/Les Echos/CNews, alors que l'Etat détenait 23,64% des parts d'Engie au 30 juin 2020.

Deux jours auparavant, le patron d'Engie, Jean-Pierre Clamadieu, avait estimé en évoquant l'offre mise sur la table par Veolia que «le compte n'y est pas».

M. Clamadieu s'était dit prêt à étudier un plan alternatif que pourrait lui présenter la direction de Suez, tout en appelant les deux parties au «dialogue».

Si son offre se concrétise, Veolia a pour projet de revendre aussitôt la branche eau de Suez à un fonds d'investissement, Meridiam, pour éviter d'être en situation de monopole dans ce secteur.

Dans Le Parisien dimanche, Thierry Déau, le président de Meridiam, affirme que le prix de l'eau n'augmentera pas en cas de rachat «parce que la concurrence l'empêchera». Interrogé pour savoir s'il garantit qu'aucun emploi ne sera supprimé chez Suez Eau France, il a affirmé: «non seulement je le garantis, mais je pense qu'on développera l'emploi».

Indifférent à ces assurances, M. Camus se dit déterminé à «susciter une solution alternative» face au «mirage industriel» que représente selon lui, l'offre de Veolia.

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