La nouvelle doit encore être confirmée mais fait irrésistiblement du bien dans le contexte actuel. Le New York Times rapporte que des scientifiques ont observé des signes encourageants d'une immunité forte et durable au Covid-19, et cela même après des infections légères au coronavirus.
Dans une série d'études publiées en fin de semaine dernière et expliquées dans un long article du quotidien américain publié dimanche 16 août, il apparaît ainsi que les anticorps des personnes contaminées, associés à leurs lymphocytes B et T, produiraient une réponse immunitaire globale capable de reconnaître et de maintenir à distance le SARS-CoV-2 pendant au moins plusieurs mois, voire plusieurs années.
«Les choses fonctionnent exactement comme nous l'espérions», a d'ailleurs déclaré, visiblement soulagé, Deepta Bhattacharya, immunologiste à l'université d'Arizona et auteur de l'une des études qui doit cependant être encore analysée par ses pairs, autrement dit par des experts du domaine. «Tous les indices en faveur d'une réponse immunitaire totalement protectrice sont là», abonde le docteur Marion Pepper, immunologiste à l'université de Washington et auteur d'une autre étude en cours d'analyse dans la prestigieuse revue scientifique Nature.
Scientists are starting to see encouraging signs of strong, lasting immunity, even in people who developed only mild symptoms of Covid-19, a flurry of new studies suggests https://t.co/7ziebr5aTf
— The New York Times (@nytimes) August 17, 2020
Pour nous permettre de comprendre, les scientifiques expliquent ainsi que si les anticorps diminuent considérablement dans le sang au bout de quelques semaines ou quelques mois après la contamination, l'organisme des personnes qui ont rencontré le coronavirus semble néanmoins prendre le soin de conserver tout un bataillon de lymphocytes B dédiés spécifiquement au SARS-CoV-2 et qui, eux, ont une durée de vie bien plus longue.
Les lymphocytes, une patrouille prête à attaquer
Se comportant en véritables sentinelles, certains de ces lymphocytes B vont donc en quelque sorte «patrouiller» dans la circulation sanguine en attendant d'être déclenchés en cas de nouvelle attaque du coronavirus. D'autres encore vont se retrancher au plus profond de la moelle osseuse, générant de petites quantités d'anticorps potentiellement détectables des années, voire des décennies, après la fin de l'infection.
Plusieurs études, y compris celles menées par Deepta Bhattacharya et Marion Pepper, ont en effet retrouvé des anticorps capables de neutraliser le coronavirus se maintenant à de faibles niveaux dans le sang des mois après que les personnes se soient rétablies du Covid-19 et qui pourraient se maintenir pour davantage de temps encore.
«Les anticorps diminuent, mais ils s'installent dans ce qui ressemble à une espèce de noyau dur», décrypte Deepta Bhattacharya. Et de résumer : «la réponse immunitaire semble donc parfaitement durable».
De leur côté, les lymphocytes T semblent également accomplir une tâche similaire. En confrontant en laboratoire ces cellules T à des fragments du virus, les scientifiques se sont en effet aperçus qu'elles aussi attaquent le SARS-CoV-2 et, surtout, que ces lymphocytes se multipliaient également en autant de nouvelles armées prêtes à affronter un ennemi familier.
Bien que n'ayant pas participé aux études, une troisième immunologiste sollicitée par le New York Times, le professeur Smita Iyer de l'université Davis, en Californie, se montre également confiante. «C'est très prometteur. Ces données invite à un certain optimisme quant à une immunité collective, et, en théorie, à un vaccin», affirme-t-elle.
Pour autant ce qui semble se dessiner pour la plupart des personnes légèrement infectées pourraient à l'inverse ne pas être vrai pour les personnes hospitalisées dont le corps, parfois du fait d'autres pathologies associées, a beaucoup plus de mal à susciter une réponse immunitaire équilibrée face au virus.
Un dernier immunologiste, le docteur Cheong-Hee Chang de l'université du Michigan, et qui lui non plus n'a pas participé aux dernières études, souligne enfin que si ces publications suggèrent un potentiel pouvoir de protection de l'organisme, celui-ci pourrait ne pas être le même pour tous. «Les humains sont si hétérogènes, il y a tellement de facteurs qui entrent en jeu qu'il est difficile de prédire exactement ce qui va se passer», préfère-t-il affirmer, prudent.