Un ancien employé du port de Beyrouth, d'où est partie la gigantesque double explosion qui a ravagé la capitale libanaise mardi dernier, a affirmé au Guardian, ce vendredi 7 août au soir, que des feux d'artifice avaient bien été stockés dans le même hangar que celui où avait été mis le nitrate d'ammonium, ce composé chimique qui serait à l'origine de la catastrophe.
Cet homme, du nom de Yusuf Shehadi, a indiqué au quotidien britannique avoir été chargé il y a plusieurs années par l'armée libanaise de stocker divers produits chimiques dans l'entrepôt numéro 12 du port de Beyrouth, ceci en dépit de nombreuses protestations émanant d'autres services administratifs.
En outre, assure-t-il, le hangar en question abritait déjà une quantité importante de feux d'artifice, lesquels avaient été saisis il y a plus de dix ans, en 2009 ou en 2010, et qui auraient été mis là jusqu'à la tragédie du 4 août dernier.
Beirut explosion: former port worker says fireworks stored in hangar https://t.co/8KTBWvTK0K
— The Guardian (@guardian) August 7, 2020
«Il y avait au moins 30 à 40 sacs en nylon, tous pleins de feux d'artifice», a assuré Yusuf Shehadi qui a travaillé sur le port de Beyrouth pendant plusieurs années avant d'émigrer au Canada, où il vit aujourd'hui.
«Ils étaient sur le côté gauche juste après la porte principale. J'avais l'habitude de m'en plaindre. Ils n'avaient rien à faire là. Ce n'était pas sûr. Il y avait aussi beaucoup d'humidité là-bas. Tout le monde savait qu'un désastre pouvait se produire», a encore dit Shehadi.
Un témoignage appuyé par une deuxième source
Le quotidien britannique souligne également que le témoignage de l'ancien employé du port est corroboré par une deuxième source qui, elle aussi, a confirmé la présence sur place de stocks de feux d'artifice.
Dans ces conditions, la thèse selon laquelle les feux d'artifice pourraient avoir été un facteur déterminant dans le déclenchement de la catastrophe s'épaissit davantage encore.
Ceci d'autant plus que, rappelle le Guardian, des images filmées à l'aide d'un smartphone, apparemment produites par un employé du port depuis le toit d'un des silos à grains surplombant l'incendie avant que tout n'explose, semblent, elles aussi, l'appuyer.
De son côté, Yusuf Shehadi affirme également avoir parlé à d'anciens collègues du port qui lui ont dit qu'avant l'incendie, puis l'explosion qui en est suivi, des ouvriers avaient été dépêchés sur place pour réparer l'une des portes à l'extérieur de l'entrepôt numéro 12.
Ces hommes, indique Shehadi, auraient utilisé divers outils électriques. «Je suis convaincu que ces travaux de réparation ont conduit à cette catastrophe. C'était à 17 h et une demi-heure plus tard, tout le monde est mort», a-t-il dit.
Reste que Michel Aoun, le président du Liban, a rejeté ce vendredi toute enquête internationale sur la gigantesque explosion au port de Beyrouth, affirmant qu'elle pourrait avoir été causée par la négligence ou par un missile. Une déclaration comme une fin de non-recevoir adressée indirectement à Emmanuel Macron qui, la veille, avait plaidé, depuis Beyrouth, justement pour une enquête internationale.
A ce stade, les autorités libanaises doivent faire un rapport préliminaire d'enquête qui doit être remis, d'ici à dimanche, au président libanais.
Les habitants de Beyrouth, et plus largement tous les Libanais, ont, eux, appelé à une grande manifestation ce samedi, dans le centre-ville ravagé, pour demander des comptes.