Le chef du mouvement libanais du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a «nié catégoriquement», ce vendredi 7 août, que son organisation possédait un «entrepôt d'armes» dans le port de Beyrouth, secoué par une explosion meurtrière et destructrice.
«Je nie totalement, catégoriquement, qu'il y ait quoi que ce soit à nous dans le port, ni entrepôt d'armes, ni entrepôt de missiles (...) ni une bombe, ni une balle, ni nitrate» d'ammonium, a martelé le chef du Hezbollah dans une allocution télévisée, après des accusations dans les médias ou au sein de l'opinion publique pointant du doigt l'influent mouvement chiite libanais.
L'explosion dans le port de Beyrouth mardi a fait plus de 150 morts et 5.000 blessés. Elle a été provoquée selon les autorités par plusieurs tonnes de nitrate d'ammonium stockées depuis six ans dans un entrepôt «sans mesures de précaution», de l'aveu même du Premier ministre. En visite à Beyrouth jeudi, le président français Emmanuel Macron a réclamé une enquête internationale «transparente».
Il a rencontré des représentants des principales forces politiques, dont le Hezbollah, et appelé à «changer le système» et arrêter «la division du Liban». Déplorant une «tragédie humaine» après le drame du port, M. Nasrallah a salué la visite de M. Macron. «Nous regardons positivement toute assistance et toute expression de sympathie envers le Liban, et toute visite au Liban ces jours-ci, surtout si elle s'inscrit dans le contexte de l'aide du Liban et du rassemblement», a souligné M. Nasrallah.
Une source judiciaire a rapporté vendredi cinq nouvelles arrestations parmi les fonctionnaires des douanes et du port, notamment des ingénieurs, portant à 21 le nombre total de personnes placées en détention provisoire. «Si l'armée a la confiance de tous les Libanais et des forces politiques et des leaders politiques, allez-y, chargez l'armée libanaise de mener l'enquête et d'annoncer les résultats, si vous dites que vous avez confiance en elle», a souligné vendredi M. Nasrallah.
«Si dans ce dossier, l'Etat libanais et la classe politique, que ce soit le pouvoir ou l'opposition, ne réussissent pas à obtenir de résultat dans l'enquête et n'arrivent pas à traduire en justice» les responsables, «cela signifie qu'il n'y a pas d'espoir de construire un Etat» au Liban. Poids lourd de la vie politique libanaise, seule faction à ne pas avoir abandonné son arsenal militaire au sortir de la guerre civile (1975-1990), le Hezbollah est un grand ennemi du voisin israélien. L'organisation chiite libanaise, soutenue par Téhéran, intervient militairement dans le conflit en Syrie voisine au côté du régime de Bachar al-Assad. Dans la Syrie en guerre, des positions du Hezbollah et ses convois d'armes ont été pris pour cible par des bombardements israéliens ces dernières années.