À quelques semaines des Conventions nationales, c'est la grande interrogation dans la course à la présidentielle américaine. Joe Biden doit annoncer cette semaine celle qui rejoindra sa candidature pour tenter d'être sa vice-présidente. Très secret sur le sujet, il n'a donné que quelques indices dans les médias, à commencer par le fait que son choix se portera sur une femme.
Jusqu'en mars, de potentielles élues comme Amy Klobuchar, qui s'était distinguée dans la primaire démocrate, semblaient tenir la corde. Mais au vu de l'importance du mouvement Black Lives Matter ces dernières semaines et de l'importance du soutien des Noirs américains, Joe Biden prendrait le risque de décevoir une grande partie de son électorat s'il ne portait pas son choix sur une candidate issue des minorités.
Kamala Harris
Elle est l'immense favorite de cette course à la vice-présidence. Stature nationale, sénatrice, noire, beaucoup plus jeune que Joe Biden (55 ans contre 77 ans), investie pour une réforme du système judiciaire, inflexible en débat et face à des opposants... Kamala Harris coche beaucoup de cases pour devenir le bras droit du candidat démocrate. Sa principale faiblesse vient cependant d'une attaque violente à Joe Biden lors d'un débat en 2019, pendant lequel elle l'accusait d'avoir travaillé de concert avec des ségrégationnistes pendant son temps au Sénat. Une attaque vécue comme «un coup de poing dans le ventre» par le candidat selon son épouse Jill Biden.
Susan Rice
D'abord imaginée comme cheffe de la diplomatie, Susan Rice est apparue comme une potentielle vice-présidente avec la crise du coronavirus et le mouvement Black Lives Matter. Tout d'abord parce que le point faible de cette ancienne conseillère à la sécurité nationale de Barack Obama réside dans le fait qu'elle n'a jamais participé à une campagne électorale. La situation sanitaire limiterait donc ses apparitions publiques, ainsi que les questions et les débats auxquels elle pourrait faire face, et où son manque d'expérience se ressentirait. En revanche, elle a toujours soutenu Joe Biden, a participé aux mandats de Bill Clinton (comme secrétaire d'État adjointe aux Affaires africaines) et de Barack Obama et connaît donc bien le fonctionnement de Washington. Un profil loin d'être anodin.
Val Demings
Une candidature pour réconcilier forces de l'ordre et manifestants ? Val Demings, élue à la Chambre des représentants, est une ancienne membre de la police d'Orlando, qu'elle a dirigée pendant trois ans de 2007 à 2010. En plein questionnement américain sur le comportement des policiers dans le pays, la choisir serait toutefois à double tranchant. Si elle incarne une femme noire cheffe de la police favorable à un changement, elle a été la cible du New York Times pour avoir couvert des agents dans des affaires de violences policières. Elle a cependant assuré dans plusieurs interviews qu'elle a connu la discrimination toute sa vie, et qu'elle serait donc un choix idéal pour répondre aux tensions raciales qui existent dans le pays depuis la mort de George Floyd.
Elizabeth Warren
L'ancienne candidate et rivale de Joe Biden est la principale grande favorite à ne pas être Noire américaine. Sa popularité auprès de la jeunesse et sa position politique plus progressiste que le vainqueur de la primaire permettraient d'équilibrer la candidature, et d'unifier les deux courants du parti démocrate. Cependant, elle est assez âgée (71 ans), ne fait partie d'aucune minorité, et pourrait rapidement devenir un problème en cas de désaccords majeurs avec Joe Biden. La choisir sonnerait donc comme un vœu d'apaisement entre progressistes et modérés démocrates, mais pourrait présenter un certain risque.
Karen Bass
La représentante de Californie âgée de 66 ans fait une entrée surprise dans la course. Alors que son nom n'était pas véritablement mis en avant ces derniers mois, il aura fallu qu'un lobbying intensif de ses collègues se mette en place pour voir Karen Bass atterrir sur la short-list. Membre du Black Caucus au Congrès, elle a expliqué à AP qu'elle était prête à prendre un rôle dans une administration Biden, en mettant l'accent sur son expérience dans la gestion de la crise du sida en Californie. Une candidature trop tardive ou à point nommé ?
D'autres outsiders pour une surprise ?
La maire d'Atlanta Keisha Lance Bottoms, la gouverneure du Michigan Gretchen Whitmer ou encore l'écrivaine et politicienne Stacey Abrams sont toujours sur la liste des potentielles candidates. Cependant, si elles possèdent des forces et des faiblesses similaires aux femmes citées plus haut, elles semblent avoir doucement perdu en popularité au sein du camp démocrate. Reste que, selon des proches de Joe Biden, 11 sont encore sur la «short-list». Il s'agira avant tout pour le candidat de trouver la personne qui est la plus compatible avec sa vision, et de la propulser dans la campagne politique la plus importante du pays.