La Commission européenne va proposer une législation contraignant les plateformes en ligne à signaler les contenus pédopornographiques. Elle veut doter l'Union Européenne d'un Centre de lutte contre les abus sexuels commis sur des enfants.
Les contenus pédopornographiques «en ligne augmentent de façon exponentielle», a averti vendredi la commissaire européenne aux Affaires intérieures Ylva Johansson lors d'une conférence de presse, notant que la «situation a empiré avec la pandémie» et les mesures de confinement. Elle a souligné que désormais deux tiers de ces contenus étaient hébergés dans l'UE, notamment aux Pays-Bas.
LA PEDOPORNOGRAPHIE EXPLOSE SUR INTERNET
725.000 des images ou vidéos en ligne ont été signalées en 2019, contre 23.000 neuf ans plus tôt, selon le Centre américain pour les enfants disparus et exploités, NCMEC. Alors que les signalements relèvent pour l'instant de la bonne volonté des acteurs du net, la Commission va proposer «l'année prochaine une législation pour contraindre les plateformes digitales et réseaux sociaux à détecter, signaler et retirer ces contenus illégaux, a indiqué Ylva Johansson.
Reported Child Sexual abuse online has increased in the #EU to a shocking degree.
Today I proposed how to better protect children.
Online companies should detect, remove, report and refer abusive content. #securityunion https://t.co/TE6mTCSK0z via @EC_AVService pic.twitter.com/GthdzdHw9e— Ylva Johansson (@YlvaJohansson) July 24, 2020
La commissaire a précisé qu'actuellement, environ 80% des contenus signalés l'étaient par Facebook et transitaient principalement via l'application de messagerie Messenger.
La responsable suédoise a souligné que lors d'une récente enquête en Allemagne sur 30.000 suspects de pédophilie, des contenus avaient été signalés au centre américain NCMEC, qui les avait ensuite répercutés à Europol.
UN CENTRE EUROPEEN POUR AMELIORER LA PREVENTION
«Il est l'heure aussi pour nous d'avoir en Europe le même genre de centre pour prévenir et lutter contre les abus sexuels, d'avoir une meilleure coordination et une réponse plus rapide», a estimé la commissaire.
Aucun calendrier précis n'a été fourni concernant la mise en oeuvre de ce centre, une analyse d'impact devant être menée afin d'étudier sa forme juridique et les moyens de le financer.
L'exécutif européen estime qu'un enfant sur cinq est victime d'une forme de violence sexuelle sur le continent. Il entend mettre en place un réseau d'experts et de chercheurs dans toute l'UE, sur lequel s'appuierait le futur Centre.
Ces propositions entrent dans le cadre plus large d'une stratégie de l'UE en matière de sécurité, qui comprend également un plan d'action pour lutter contre le trafic de drogue.