Dans la course engagée partout dans le monde pour tenter de mettre fin à la pandémie de coronavirus, plusieurs laboratoires et groupes pharmaceutiques ont récemment fait état de résultats prometteurs dans le développement de leurs vaccins respectifs.
Mais si ces annonces suscitent un espoir - voire un optimisme - légitimes, elles doivent néanmoins être tempérées et mesurées. Explications.
Des résultats qui doivent être confirmés
Selon des résultats publiés lundi 20 juillet dans la revue médicale de référence The Lancet, deux projets de vaccins, ont montré de premiers résultats particulièrement intéressants, à l'instar du suédo-britannique AstraZeneca developpé en collaboration avec l'université d'Oxford.
Les données de l'essai clinique en phase initiale sur des volontaires sains ont en effet montré que le traitement était sûr et qu'il produisait une réponse immunitaire sans effets secondaires.
Mais de l'aveu même du professeur Sarah Gilbert, qui participe au développement du vaccin «il reste encore beaucoup à faire avant de pouvoir confirmer si ce vaccin aidera à gérer la pandémie de Covid-19».
«Nous ne savons toujours pas quelle est la force de la réponse immunitaire que nous devons provoquer pour protéger efficacement contre l'infection par le SRAS-CoV-2», explique ainsi la spécialiste.
Même son de cloche en France, où le président du conseil scientifique, Jean-François Delfraissy, a appelé à être «extrêmement prudent».
«C’est normal qu’il y ait une réponse immunitaire, mais on ne sait pas encore de quelle nature, avec quelle force, avec quelle durée, et quels types d’anticorps sont présents», a-t-il ainsi mis en garde.
Des effets d'annonce à l'adresse des marchés financiers
Autre aspect à souligner, et non des moindres, la plupart du temps ces annonces encourageantes ont des effets à la hausse sur le cours de l'action des laboratoires concernés, ce qui, dans un marché extrêmement concurrentiel comme celui de l'industrie pharmaceutique est loin d'être à négliger.
Dans le cas du coronavirus, l'enjeu est d'autant plus important que le laboratoire qui trouvera le vaccin rentrera non seulement dans l'Histoire, mais touchera aussi le jackpot lorsque le pays qui en sera à l'initiative en tirera un bénéfice politique mondial.
Outre AstraZeneca et le chinois CanSino Biologics, les deux acteurs principaux à avoir proposé jusqu'à présent des produits considérés sûrs en induisant une réponse immunitaire chez la plupart des receveurs, d'autres laboratoires comme la biotech allemande BioNTech ou l'Américain Pfizer ont eux fait part lundi de données encourageantes.
Ce faisant, l'action BioNTech cotée à New-York bondissait de 4,19 % lorsque le titre Pfizer progressait de 1,14 %. D'une façon générale, c'est toute l'économie mondiale qui reste suspendue à l'annonce d'un remède ce qui explique pourquoi la moindre note d'espoir agit comme un levier sur l'action du laboratoire qui communique, voire même sur les indices boursiers dans leur ensemble.
Dans ce contexte, n'importe quelle biotech pourrait être tentée d'informer sur la moindre avancée pour valoriser son titre. Le rôle des analystes apparaît donc plus que jamais déterminant pour limiter des effets d'annonce qui, au final, peuvent nuire à l'ensemble des marchés si elles sont contrariées.