A la date du 21 juillet, 166 projets de vaccin contre le coronavirus étaient recensés partout sur la planète selon l'OMS. Mais dans cette course mondiale engagée pour tenter de trouver un remède, une vingtaine de projets seulement, majoritairement répartis entre l'Europe, les Etats-Unis et la Chine, trustent le peloton de tête en termes de développement.
Le vaccin de l'université d'Oxford
De grands espoirs sont portés sur le vaccin de l'université britannique d'Oxford, développé en partenariat avec le groupe pharmaceutique AstraZeneca. Mi-juin, quatre pays européens (France, Allemagne, Italie, Pays-Bas) ont conclu un accord avec le laboratoire anglo-suédois pour une pré-commande de 400 millions de doses, à prix coûtant, destinées à l'Union européenne. Les Etats-Unis également se montrent très intéressés par ce potentiel remède, puisque Washington a également signé un contrat avec AstraZeneca, d'un montant de 1,2 milliard de dollars (1,04 milliard d'euros), lui garantissant la fourniture d'au moins 300 millions de doses.
Il faut dire que ce vaccin est l'un des plus avancés de la planète. Les résultats d'un essai clinique préliminaire sur plus de 1.000 personnes, publiés dans la revue médicale The Lancet lundi, ont montré qu'il produisait une réponse immunitaire importante et démontré sa sûreté pour les patients. Il est actuellement en phase finale d'essais cliniques (la phase 3), sur un nombre de personnes plus important, au Royaume-Uni, au Brésil et en Afrique du Sud.
«Notre espoir, c'est d'avoir des résultats à l'automne (pour cette étude de phase 3) donc on pense qu'on pourra être en mesure de livrer du vaccin à la fin de l'année au plus tard», a indiqué mardi sur RTL Pascal Soriot, le patron français d'AstraZeneca. La production a d'ores et déjà commencé «dans pas mal de régions», a-t-il également souligné.
L'Américain Moderna veut marquer l'histoire
La biotech américaine Moderna, dirigée par le français Stéphane Bancel, est elle aussi devenue très médiatique après avoir reçu mi-avril plus de 480 millions de dollars (415 millions d'euros) du gouvernement américain, très interessé par son projet de vaccin, pour financer la recherche et le développement, mais sans contrat d'approvisionnement avec les Etats-Unis.
Après avoir été parmi les premières au monde, dès le 16 mars, à débuter les essais de son candidat-vaccin sur les humains, la firme est toujours bien placée dans la course mondiale pour un remède contre le coronavirus. Elle a en effet annoncé la semaine dernière qu'elle débuterait le 27 juillet prochain la phase 3 des essais cliniques de son vaccin contre le Covid-19, destinée à tester son efficacité sur 30.000 personnes aux Etats-Unis. Une annonce survenue peu après la publication dans le New England Journal of Medicine des résultats de la première phase de l'essai de Moderna, d'après lesquels le vaccin expérimental a déclenché des anticorps contre le coronavirus chez tous les participants, au nombre de 45.
En cas de succès, le laboratoire assure pouvoir produire 500 millions, voire un milliard, de doses par an. Moderna fait partie de l'une des cinq entreprises sur lesquelles l'administration Trump a misé pour développer un vaccin en un temps record dans le cadre d'une opération baptisée «Warp Speed», soit «A la vitesse de la lumière» en français. Parmi les autres projets, celui des laboratoires Johnson & Johnson, Pfizer mais aussi AstraZeneca, évoqué plus haut.
La Chine compte à elle seule 8 projets en phase d'essais cliniques
Essais sur l'homme, armée mobilisée, procédure accélérée : la Chine, d'où est partie l'épidémie en décembre 2019, est aux avant-postes quant à la recherche d'un vaccin contre le Covid-19. En quête coûte que coûte d'une reconnaissance internationale, Pékin aide ainsi massivement ses entreprises dans leurs recherches en fournissant des souches de virus tous azimuts ou en versant des aides financières dont le montant n'est jamais révélé. Une tactique qui semble payer puisque parmi les 24 projets de vaccins actuellement en essais cliniques, donc sur l'homme, dans le monde, 8 sont chinois, soit un quart du total.
Parmi eux, trois sont déjà en phase finale de tests. Dont deux développés par la compagnie pharmaceutique étatique Sinopharm, qui a indiqué le 16 juin dernier que l'un de ses candidats-vaccins a présenté «des résultats préliminaires positifs sans effets secondaires graves». Il va être testé sur 15.000 patients aux Emirats arabes unis aux cours des six prochains mois, a annoncé le gouvernement émirati. Si les résultats sont positifs, Sinopharm espère une mise sur le marché fin 2020-début 2021.
Le troisième vaccin en phase 3 d'essais cliniques correspond à celui sur lequel travaille le laboratoire Sinovac Biotech. Il a annoncé mardi le lancement de cette étape finale de tests au Brésil, où 9.000 volontaires parmi les personnels de santé vont recevoir au cours des trois prochains mois des injections du sérum. Des essais menés en partenariat avec l'institut Butantan de Sao Paulo, qui doit en produire 120 millions de doses début 2021 si les résultats sont concluants.
Toujours en phase 2, le vaccin développé par le groupe de biotechnologie coté à Hong Kong CanSino Biologics et l'Institut de biotechnologie de Pékin fait lui aussi naître de grands espoirs. D'après les résultats des essais préliminaires publiés dans la revue The Lancet lundi, il a entraîné une réponse immunitaire contre le coronavirus chez la plupart des participants, qui étaient environ 500.
Les deux projets de l'Allemand BioNTech
La biotech allemande BioNTech développe elle aussi deux vaccins expérimentaux contre le coronavirus, dont des essais cliniques sur des cobayes humains ont commencé à la fin du mois d'avril. Pour ces projets, la start-up allemande s'est associée au géant américain Pfizer et au laboratoire chinois Shanghai Fosun Pharmaceutical.
Preuve qu'ils sont sur la bonne voie, ils ont récemment obtenu le statut de «fast track» par l'autorité sanitaire américaine, la FDA, permettant d'accélérer et de faciliter le processus d'examen réglementaire. Ainsi, des essais cliniques de phase 2 et 3 vont bientôt pouvoir démarrer sur 29.000 volontaires dans le monde, après la publication de résultats préliminaires positifs début juillet sur 45 patients pour l'un des deux candidats-vaccins.
Si les essais sont concluants, BioNTech et Pfizer espèrent pouvoir produire 100 millions de doses d'ici à la fin de l'année. Le gouvernement britannique en a déjà commandé 30 millions.
En France, l'Etat et Sanofi s'associent
En France, le laboratoire tricolore Sanofi participe lui aussi à la course au vaccin, mais n'est pas le mieux placé pour l'instant. Il travaille actuellement sur deux pistes de vaccins contre le coronavirus, faisant appel à deux technologies différentes, mais aucun des deux n'est pour l'instant en phase d'essais sur l'homme.
Faisant plutôt le choix d'une course de fond que celui du sprint, Sanofi a annoncé, le 16 juin dernier, qu'il investirait 490 millions d’euros dans une nouvelle usine en France. Une annonce faite par le PDG du groupe pharmaceutique Paul Hudson, aux côtés d'Emmanuel Macron qui a annoncé le déblocage d'une enveloppe de 200 millions pour la recherche d’un vaccin.
Malgré le stade peu avancé des recherches, Sanofi est proche d'un accord avec l'UE pour lui fournir 300 millions de doses d'un hypothétique vaccin. Le sérum concerné par cet accord est développé avec le laboratoire britannique GSK. Il devrait faire l'objet d'essais cliniques en septembre et être disponible au premier semestre de 2021. Le groupe dit pouvoir en produire jusqu'à un milliard de doses par an.
En mai dernier, son patron Paul Hudson avait suscité la polémique, en déclarant que les Etats-Unis, cofinanceurs des recherches de Sanofi, seraient servis en priorité dès la mise au point d’un vaccin contre le Covid-19. Cela lui avait valu une convocation à l’Elysée, où Emmanuel Macron avait souligné la nécessité de «s'extraire des lois du marché» et de mettre un vaccin à la disposition de tous dès que possible.