Deux mois avant le début de l'affaire George Floyd, alors que le monde commençait à entrer en confinement à cause de la pandémie de coronavirus, Breonna Taylor, une jeune femme noire de 26 ans, perdait la vie sous les balles de policiers blancs.
Que s'est-il passé ?
Les faits remontent au 13 mars 2020. Des policiers de Louisville (Kentucky) se sont rendu en direction du domicile de Breonna Taylor avec un mandat de perquisition dans le cadre d'un avis de recherche erroné. Le suspect qu'ils souhaitaient appréhender avait déjà été arrêté par les forces de l'ordre, et ne résidait plus dans le bâtiment.
À leur arrivée sur place, les agents ont enfoncé la porte après avoir toqué (selon leurs affirmations) sans obtenir de réponse. La jeune femme et son compagnon dormaient. Les policiers ont ensuite tiré au moins une dizaine de coups de feu, dont huit atteindront et tueront Breonna Taylor dans son sommeil. Son compagnon, Kenneth Walker, qui possède un permis de port d'arme, a également fait feu sur les forces de l'ordre. Il assure que les policiers ne se sont jamais identifiés comme tels, et qu'il croyait à un cambriolage. Après avoir touché un agent à la jambe, il a été inculpé pour tentative de meurtre. Le 22 mai, il a cependant été relaxé. Les policiers ne portaient pas de caméra, car ce dispositif n'est pas mis en place à Louisville. Il est donc difficile de pouvoir authentifier les versions.
Qui était Breonna Taylor ?
Breonna Taylor était une infirmière originaire du Michigan mais qui a déménagé pendant son adolescence. Au vu de certains de ses posts Facebook, elle semblait passionnée par son métier, comme le jour où son oncle s'était remis d'une crise cardiaque : «travailler dans la santé est tellement gratifiant. Cela me rend si heureuse quand je sais que j'ai pu faire une différence dans la vie de quelqu'un». Début mars, elle travaillait notamment à soigner les malades du coronavirus. Proche de sa famille, elle était notamment réputée pour sa passion des jeux de cartes avec ses tantes.
Quelle réaction à sa mort ?
Contrairement à George Floyd, l'histoire de Breonna Taylor n'a pas immédiatement enflammé les esprits. Les premiers articles et rapports sur les événements du 13 mars faisaient avant tout état de la fusillade entre Kenneth Walker et les policiers. La famille s'est d'ailleurs dit particulièrement en colère car le nom de la jeune femme n'apparaissait jamais dans ces textes.
Il faudra attendre que Ben Crump, avocat spécialisé dans la défense des familles de victimes de violences policières ou de meurtres racistes (il représente notamment celle de George Floyd ou encore celle d'Ahmaud Arbery), demande des réponses publiquement et dépose plainte. Depuis, les réseaux sociaux se sont mobilisés pour demander des sanctions en utilisant le hashtag #SayHerName («Dites son nom», en français).
100 days later. We still need justice for Breonna Taylor. Don’t stop saying her name. Our fight is not over. #BreonnaTaylor #SayHerName pic.twitter.com/qAa4liTTva
— Kayla Mokwuah (@kaylamokwuah) June 22, 2020
Où en est l'enquête ?
Le FBI et le procureur général du Kentucky enquêtent actuellement sur cette affaire, mais à l'heure actuelle, aucun des trois agents présents sur place n'a été inculpé. L'un d'entre eux, Brett Hankison, qui a tiré au moins huit balles, a été licencié de son poste. Une sanction qui n'est pas suffisante pour beaucoup de manifestants et de politiciens. Kamala Harris, ancienne candidate à la présidentielle et pressentie pour être sur le ticket de Joe Biden, a ainsi déclaré : «c'est un début, mais ce n'est pas assez. Nous ne pourrons nous calmer que lorsque les officiers mis en cause dans le meurtre de Breonna Taylor seront inculpés».
A start, but not good enough. We cannot rest until all the officers involved in Breonna Taylor’s murder are charged. https://t.co/qKSwAx4dGt
— Kamala Harris (@KamalaHarris) June 19, 2020
Dans le sillage de cette affaire, les élus de la ville ont pris quelques décisions visant à éviter que ce genre d'événement ne puisse se reproduire. Les mandats de perquisition «no-knock», qui permettent aux policiers d'enfoncer une porte sans sommation, sont interdits. Les caméras sur les uniformes devront en revanche être portées pendant les interventions.