Le racisme et les discriminations expliquent en partie le risque plus élevé de décès dû au coronavirus au sein des minorités au Royaume-Uni, selon un rapport officiel ayant fuité dans la presse britannique ce week-end.
Après avoir interrogé 4.000 membres de ces minorités, appelées BAME outre-Manche, pour «Black, Asian and minority ethnic» («Noirs, Asiatiques et minorités ethniques»), les auteurs de l'étude, rédigée par l'agence gouvernementale Public Health England (PHE), en arrivent à cette conclusion : «Les parties prenantes ont souligné que le racisme et la discrimination subis par les communautés et plus particulièrement les travailleurs-clés BAME sont une cause profonde du risque d'exposition et de progression de la maladie.»
Selon eux, «le racisme historique et les expériences plus mauvaises en termes de santé ou au travail» ont conduit les individus membres des minorités à moins demander de soins en cas de besoin ou d'équipements de protection individuelle au travail. Par ailleurs, ces personnes travaillent davantage que la moyenne dans des secteurs jugés essentiels, notamment l'hôpital et le social, signifiant qu'ils sont «plus exposés au Covid-19 et donc plus susceptibles d'être diagnostiqués». Le rapport cite également la plus forte prévalence de l'obésité, du diabète, de l'hypertension et de l'asthme dans ces communautés comme facteur explicatif du risque plus élevé de contracter le coronavirus.
Une section retirée en raison du mouvement Black Lives Matter ?
Tous ces éléments, ainsi que des recommandations pour protéger ces communautés en cas de seconde vague, qui font partie d'un rapport plus global sur la pandémie de coronavirus au Royaume-Uni publié le 2 juin, ont été «retirés» par le gouvernement en raison des «tensions mondiales actuelles» provoquées par la mort de George Floyd aux Etats-Unis, a révélé Sky News. La British Medical Association (BMA) a envoyé une lettre samedi au ministre de la Santé Matt Hancock, demandant pourquoi les recommandations pour protéger les communautés BAME ont été «omises» dans le rapport. Ce dernier a été publié en entier, s'est défendu l'agence PHE, qui a assuré que les préconisations sur les minorités devraient être publiées la semaine prochaine.
Du côté de l'opposition, on se veut très critique sur la manière de faire du gouvernement du Premier ministre conservateur Boris Johnson. «L'impact de Covid-19 sur les personnes des communautés BAME est grave, et comme les données le montrent, il peut être fatal pour beaucoup. Cela devrait exiger une action urgente des ministres. Au lieu de cela, nous avons eu des déclarations trompeuses et un manque de transparence», a fustigé Jonathan Ashworth, député en charge des questions de santé au sein du parti travailliste.
Des statistiques ethniques publiées récemment montrent que les membres des communautés BAME au Royaume-Uni ont plus de risques de succomber du coronavirus que les Blancs. Ce sont les individus d'origine bangladaise qui sont en première ligne, puisqu'ils ont deux fois plus de risques de mourir du Covid-19 que les Britanniques blancs. Un taux de surmortalité qui oscille entre 10 et 50 % chez les Noirs, les Asiatiques et les autres minorités.