Dans une lettre lue à l'antenne de France Inter par Augustin Trapenard, la romancière Virginie Despentes pointe le racisme sous-jacent en France en s'adressant à «ses amis blancs qui ne voient pas où est le problème». Un texte clivant qui a provoqué à la fois des réactions positives et des critiques de la part des internautes, certains dénonçant l'hypocrisie de l'auteur sur les réseaux sociaux.
«En France, nous ne sommes pas racistes, mais...». Ces mots, martelés et répétés tout au long de la lettre, sont là pour énumérer les discriminations observées par son auteur en France : «Mais la dernière fois qu'on a refusé de me servir en terrasse, j'étais avec un arabe», «mais dans la population carcérale, les noirs et les arabes sont surreprésentés», ou encore «la dernière fois qu'on m'a demandé mes papiers, j'étais avec un arabe»...
La romancière de Vernon Subutex et de King Kong Theorie indique également dans sa lettre avoir participé le 2 juin dernier à la manifestation organisée par la famille d'Adama Traoré contre les violences policières. Elle y explique que c'est «la première fois» qu'elle prend part à «un rassemblement politique de plus de 80.000 personnes organisé par collectif non blanc» et que «ces jeunes savent ce qu'ils disent quand ils disent 'si tu es noir ou arabe la police te fait peur', ils disent la vérité et ils demandent justice».
Déjà très engagée, notamment contre les violences sexuelles, Virginie Despentes a une nouvelle fois mis des mots sur les maux contemporains en France. Mais cette nouvelle prise de parole a été très rapidement critiquée par certains internautes qui dénigrent la légitimité de son auteur à traiter ce sujet, puisqu'elle ne serait pas issue de ces sphères.
Notamment, elle dénonce dans sa lettre avoir «été interviewée qu'une seule fois par un journaliste noir». Ce à quoi certains de ses détracteurs ont répondu : «c'est tout simplement parce qu'elle donne des interviews à Libération, les Inrocks et Télérama».
Si Virginie Despentes n'a jamais été interviewée par un journaliste noir, c'est tout simplement parce qu'elle donne ses interviews à Libération, les Inrocks et Télérama.
— JOD (@jo_delb) June 4, 2020
Tandis que d'autres ont signalé certaines approximations mises en avant par Virginie Despentes.
"Je ne me souviens pas avoir jamais vu un homme noir ministre. Pourtant j’ai 50 ans, j’en ai vu, des gouvernements" (Virginie Despentes)
Sibeth NDiaye
Laura Flessel
Erick Bareigts
Christiane Taubira
George Pau-Langevin
Harlem Désir
Victorin Lurel
Rama Yade
Margie Sudre
...— (@oliviersiou1) June 4, 2020
Mais certains internautes ont tenu à saluer qu'au-delà de lister les discriminations en France, Virginie Despentes dénonce les privilèges qu'elle a en tant que blanche : «Une blanche comme moi hors pandémie circule dans cette ville sans même remarquer où sont les policiers et je sais que s'ils sont trois à s'asseoir sur mon dos jusqu'à m'asphyxier au seul motif que j'ai essayé d'esquiver un contrôle de routine, on en fera toute une affaire».
Et l'auteure conclut : «le privilège, c'est avoir le choix de penser ou pas» à sa couleur de peau. Car «je ne peux pas oublier que je suis une femme, mais je peux oublier que je suis blanche, en France, nous ne sommes pas raciste mais je ne connais pas une seule personne noire ou arabe qui ait ce choix».
Quand Virginie Despentes pointe les privilèges dont jouissent les blancs, les imbéciles se focalisent sur sa bourde sur les ministres noirs. C'est dommage parce que la fin de son texte est très juste.
— Tonton Alberto (@RostatAlberto) June 4, 2020