La fièvre hémolytique est source d'inquiétude en Nouvelle-Calédonie. Des scientifiques mènent des investigations autour d'une bactérie potentiellement mortelle pour l'homme, baptisée Mycoplasma haemohominis, soupçonnée d'être transmise par les chauves-souris.
On sait les chiroptères porteurs de nombreuses maladies et suspectés d'être à l'origine du covid-19. Et Mycoplasma haemohominis vient désormais s'ajouter à la liste des bactéries surveillées de près.
Celle-ci aurait été à l'origine de 15 cas transmis à l'homme et recensés entre 2012 et 2019. Et si ce nombre peu paraître négligeable, le fait que quatre personnes en soient mortes relève son taux de létalité pour être suffisamment pris au sérieux.
Les patients touchés souffraient de perte de poids, de fièvre, de troubles hématologiques et d'une augmentation du volume de la rate. L'équipe pluridisciplinaire calédonienne en charge de son étude a reçu la semaine dernière une aide de 25.000 euros du Fonds Pacifique du ministère des affaires étrangères pour poursuivre ses travaux, a-t-on appris ce vendredi 22 mai.
Les équipes du Pr Didier Raoult alertées en 2017
Le centre hospitalier territorial (CHT) a envoyé en 2017 des prélèvements à l'Institut Hospitalo-universitaire de Marseille (IHU) du professeur Didier Raoult. C'est l'étude de ces prélèvement qui a permis d'identifier la bactérie. «Il s'est avérée que celle-ci avait également été retrouvée chez des roussettes (grandes chauves-souris), dans un autre service de l'IHU marseillais», explique le docteur Julien Colot, du laboratoire de microbiologie du CHT.
Sur les 15 cas atteints de cette fièvre hémolytique, les patients rescapés avaient pu être traités grâce à des antibiotiques. «Tous les malades, sauf un, avaient été en contact avec des roussettes, soit à la chasse, soit en les cuisinant et la plupart en avaient mangé de trois semaines à trois mois avant le début des symptômes», précise le Dr Julien Colot.
D'autres animaux vecteurs de la maladie ?
Un test diagnostique a été mis au point au CHT avec l'aide de l'IHU pour détecter cette nouvelle bactérie, mais les scientifiques veulent désormais mieux comprendre ses modes de transmission et étendre leurs travaux à des zones du Pacifique où cette roussette est aussi présente comme le Vanuatu ou Wallis et Futuna.
«D'autres réservoirs de cette bactérie sont en outre suspectés comme les rats, les tiques ou des végétaux potentiellement contaminés par la salive de roussettes», ajoute le Dr Julien Colot. Quelque 200 roussettes vont être collectées dans le cadre de ces investigations. Les premiers résultats sont attendus en 2021.