La compagnie à bas coût Ryanair va supprimer 3.000 emplois afin d'être en mesure de «survivre» à la crise du transport aérien qui met en danger l'ensemble du secteur.
Le groupe irlandais explique vendredi dans un communiqué que seront concernés principalement les pilotes et le personnel navigant, et que le plan porte sur 15% des effectifs totaux d'environ 19.000 personnes.
Ces suppressions d'emplois sont «le minimum dont nous avons besoin pour survivre les 12 prochains mois», a déclaré sur la BBC le patron de la société Michael O'Leary.
Si un vaccin n'est pas trouvé et que le trafic ne revient pas à la normale, «nous pourrons avoir à annoncer davantage de suppressions», a-t-il prévenu.
M. O'Leary a estimé que son plan de restructuration pourrait entraîner des fermetures de bases au Royaume-Uni.
Le syndicat britannique Unite demande lui à la compagnie de renoncer à ces suppressions d'emplois, estimant qu'elle dispose de «réserves de trésorerie importantes et est mieux armée que d'autres compagnies» pour affronter la crise.
Comme ses concurrents en Europe, Ryanair est frappé par la paralysie du transport aérien en pleine pandémie, qui prive les compagnies de recettes alors que leurs coûts fixes restent énormes.
Une autre compagnie irlandaise, Aer Lingus, qui appartient au groupe IAG, prévoit de son côté de supprimer 20% de ses effectifs, soit environ 900 postes sur plus de 4.000, selon un communiqué du syndicat Forsa publié vendredi.
Contactée par l'AFP, Aer Lingus s'est contentée de répondre qu'elle poursuit le dialogue avec les employés et leurs représentants syndicaux.
Selon Forsa, la compagnie pourrait miser sur des départs volontaires. Le syndicat appelle à l'aide le gouvernement irlandais pour sauver le secteur.
British Airways, autre compagnie appartenant à IAG, avait annoncé cette semaine la suppression de 12.000 emplois, soit plus du quart de ses effectifs. EasyJet a quant à elle renforcé ses finances avec un prêt de 600 millions de livres des pouvoirs publics.
Et la compagnie Virgin Atlantic lutte pour sa survie, son fondateur Richard Branson demandant pour l'instant en vain une aide du gouvernement.
Le gouvernement britannique écarte tout plan d'aide spécifique au secteur aérien.
«Les entreprises peuvent avoir recours aux mesures sans précédent mises en place pour protéger les emplois et les revenus», a déclaré vendredi un porte-parole de Downing Street. Le gouvernement propose notamment de prendre en charge une majorité du montant des salaires pour éviter les licenciements.
Ryanair précise que ses vols seront à l'arrêt jusqu'au mois de juillet au moins et qu'il faudra attendre l'été 2022 pour un retour à la normale. La compagnie prévoit que des salariés prendront des congés sans solde et que d'autres verront une réduction de 20% de leurs salaires.
Ryanair est contraint en outre de revoir ses projets de croissance et de commandes d'avions auprès de Boeing.
La compagnie s'est attiré les foudres de l'association de consommateurs Which! et de nombreux clients qui cherchent à obtenir un remboursement de leurs vols.
Ryanair se contente de leur proposer un bon d'achat et ne garantit un versement d'espèces qu'au bout de 12 mois.
Sièges vides ?
La reprise s'annonce très progressive et si EasyJet a évoqué la possibilité de laisser les sièges médians vides au début, M. O'Leary s'y oppose fermement. Ryanair s'attend à une perte nette de 100 millions d'euros pour le premier trimestre (avril à juin).
Le groupe dénonce les aides fournies par les gouvernements à nombre de ses concurrents en Europe.
Ryanair, qui ne demandera pas de soutien des pouvoirs publics, estime que ces aides fausseront la concurrence pour plusieurs années et va les contester devant les tribunaux européens. Les aéroports sont également à la peine, à l'image de Heathrow à l'ouest de Londres.
Le trafic de passagers du plus grand aéroport du Royaume-Uni, l'un des «hubs» du transport aérien mondial, est attendu en chute de 97% pour avril.