Vivre sa religion en période de crise sanitaire et de confinement nécessite de s'adapter. Mais cela peut être particulièrement compliqué lorsque débute une période festive comme le ramadan, qui commencera vendredi 24 avril. Le mois de jeûne musulman, qui occasionne des réunions familiales et des prières collectives à la mosquée va donc être beaucoup plus morose que d'ordinaire.
En France, le Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) a donné plusieurs directives, tant aux fidèles qu'aux responsables religieux, pour éviter la propagation du coronavirus. Ainsi, les mosquées sont incitées à rester fermées afin que les croyants réalisent leurs prières à domicile, et ne soient pas tentés de sortir dehors. «C’est la seule attitude responsable et conforme aux principes et aux valeurs de notre religion dans ce contexte d’épidémie», peut-on lire sur le site internet du CFCM. Jusqu'à présent, malgré quelques petits incidents, «la quasi-totalité des mosquées ont suivi les recommandations du CFCM», a confié une source policière au Figaro.
Mais les musulmans de France sont très loin d'être les seuls concernés. Dans le monde entier, l'esprit du ramadan va être très différent. Les autorités de pays à majorité musulmane ont pris en compte ce facteur pour faire évoluer les règles du confinement. Ainsi, les couvre-feux imposés au Maroc, en Tunisie, en Egypte ou encore au Liban ont été légèrement allégés, permettant aux habitants de pouvoir rentrer chez eux un peu plus tard. Cela notamment pour permettre à des voisins de se rendre les uns chez les autres au moment du coucher du soleil, pour rompre le jeûne. En Syrie, le voyage entre les provinces, interdit pendant la crise sanitaire, a été autorisé pendant deux jours, afin que des familles puissent se retrouver.
Mais malgré ces mesures, cela ne suffira pas à rendre ce ramadan aussi festif que d'ordinaire pour les musulmans. Récupérer les ingrédients pour préparer la nourriture traditionnelle pourrait être difficile également, puisque les bazars ont été fermés dans plusieurs pays, comme à Brunei ou en Malaysie. Les repas «virtuels», grâce à des appels vidéo, permettront cependant de créer du lien pour ceux qui le peuvent.
Une possible catastrophe en cas de manquements aux règles sanitaires
Une inquiétude reste importante dans certains pays, ces limitations ne sont pas acceptées par les imams et les responsables religieux. Au Bangladesh par exemple, où le gouvernement a demandé l'imposition d'un quota pour éviter des mosquées bondées, la réponse a été négative. «Le quota de fidèles imposé par le gouvernement n'est pas acceptable pour nous. L'islam ne soutient pas l'imposition d'un quelconque quota de fidèles», a insisté Mojibur Rahman Hamidi, membre du groupe extrémiste Hefazat-e-Islam, qui représente un des principaux groupes d'imams.
Le Pakistan a fait face une pression similaire de la part des élites religieuses. Un accord a finalement été trouvé, avec l'ouverture des mosquées, à condition qu'une distance de sécurité entre les fidèles soit respectée. Les autorités sanitaires vont devoir être particulièrement attentives, puisque des précédents rassemblements religieux avaient donné lieu à une très forte augmentation des cas dans les pays concernés ces dernières semaines. En Indonésie, des chercheurs ont d'ailleurs estimé que sur la seule île de Java, un ramadan classique pourrait entraîner un million d'infectés et 200.000 morts. Le mois qui débute sera donc celui de tous les dangers si les règles sanitaires ne sont pas respectées.