«Quand on ne peut pas gagner, il faut savoir ne pas perdre». Cette phrase, devenue clichée dans les interviews d'après-match en football, est le mantra de Benjamin Netanyahou depuis plus d'un an. Le Premier ministre israélien, mis en examen pour des faits de corruption, et en difficulté pour s'assurer un nouveau mandat, parvient sans cesse à repousser l'échéance d'une éventuelle défaite.
Ce 15 avril en effet, les négociations entre son Likoud et le parti Bleu-Blanc de Benny Gantz ont échoué concernant la formation du gouvernement. Un véritable revers pour le rival de Benjamin Netanyahou, qui semblait pourtant avoir toutes les cartes en main il y a quelques semaines. En effet, il avait été chargé de former l'équipe gouvernementale après avoir réussi l'exploit d'obtenir le soutien d'Avigdor Lieberman et des partis arabes israéliens, pourtant deux ennemis jurés. Grâce à cette coalition, il avait en théorie les 61 députés nécessaires à la majorité.
Mais il faut croire que tout n'est pas aussi simple. Après des tractations, Benny Gantz avait choisi de faire exploser son bloc d'opposition en devenant président de la Knesset (Parlement israélien, ndlr). Selon les médias locaux, cela était une condition préalable à la formation d'un gouvernement avec Benjamin Netanyahou, les deux hommes se partageant le mandat de Premier ministre à tour de rôle. Mais cette promesse n'aura pas tenu, puisque des tensions sur la nomination des ministres à des postes clés comme la Défense auront mis fin aux négociations.
Immobilisme électoral
Tout semble donc pointer vers l'organisation d'un quatrième élection législative en un an (la première avait eu lieu en avril 2019). Une situation qui ne déplaît pas à Benjamin Netanyahou, puisque ce dernier reste au pouvoir et peut gagner du temps sur son procès. Celui-ci devait d'ailleurs débuter en mars 2020, mais a été repoussé à cause du Covid-19. «Tant qu'il n'est pas vaincu, il est vainqueur», résume Elisabeth Marteu, politologue et spécialiste du Proche-Orient.
Le scénario actuel ne permet cependant pas de pouvoir se prononcer avec certitude sur la suite des événements. «La question de la coalition se pose toujours, puisque la scène politique et l'opinion israélienne est polarisée, et reste à l'équilibre», explique la chercheuse. Si rien ne vient chambouler la situation, Benjamin Netanyahou reste donc légèrement favori, mais il lui sera toujours difficile de former un gouvernement. Une inconnue pourrait cependant faire pencher la balance d'un côté comme de l'autre : la crise sanitaire. Si jamais la pandémie de coronavirus venait à se transformer en catastrophe humanitaire ou économique dans le pays, cela pourrait endommager l'actuel chef de gouvernement. Mais un retour aux urnes ne se fera, quoi qu'il arrive, pas avant plusieurs mois. De quoi laisser la place à Benjamin Netanyahou pour organiser encore un peu plus la temporalité de la politique israélienne.