Quand Benjamin Netanyahou passera-t-il devant la justice ? En pleines tractations pour former un nouveau gouvernement, le Premier ministre israélien a demandé ce lundi 9 mars le report de son procès pour corruption, qui doit débuter le 17 mars prochain.
Les avocats de Benjamin Netanyahou, mis en examen en novembre dernier pour corruption, malversation et abus de confiance dans trois affaires, ont envoyé une lettre au tribunal de Jérusalem pour demander un report de 45 jours de l'ouverture du procès. Ils justifient leur requête par le fait qu'ils n'ont «toujours pas reçu l'ensemble des pièces du dossier recueillies durant l'enquête», selon la lettre consultée par l'AFP.
Benny Gantz, le principal rival politique de Benjamin Netanyahou, a immédiatement condamné cette manœuvre du patron du Likoud (droite). «Cela a commencé : rejet - évasion - contournement. Cela n'arrivera pas», a écrit sur Twitter le chef du parti centriste Bleu-Blanc.
זה התחיל:
דחייה - הימלטות - התגברות.
לא יקרה. https://t.co/7E4HL16xmh— בני גנץ - Benny Gantz (@gantzbe) March 9, 2020
Depuis les élections législatives du 2 mars dernier, qui ont vu Netanyahou arriver en tête devant Gantz, mais sans obtenir la majorité à la Knesset (le Parlement israélien), les deux hommes mènent des tractations politiques complexes pour tenter de rallier des députés à leurs blocs et ainsi recevoir l'appui de 61 parlementaires, seuil requis pour former un gouvernement. Les résultats définitifs su scrutin doivent être annoncés cette semaine par le président Reuven Rivlin, qui a jusqu'au 17 mars - soit le jour de l'ouverture du procès de Netanyahou pour désigner la personne chargée de former le prochain gouvernement. Pour l'instant, c'est le Premier ministre sortant qui semble tenir la corde, puisque, selon les dernières estimations, il disposerait, avec ses alliés de la droite radicale et des partis juifs ultra-orthodoxes, de 58 sièges, à trois élus seulement de la majorité parlementaire, contre 55 pour le bloc de Benny Gantz.
Vers un front anti-Netanyahou ?
Mais ce dernier, ancien général à la retraite, n'a pas dit son dernier mot. Comme l'explique le quotidien israélien Haaretz, il tente actuellement de construire une alliance, improbable sur le papier, avec les partis de gauche, la «Liste unie» des partis arabes israéliens et la formation Israël Beitenou de l'ultranationaliste Avigdor Lieberman, alors même que ce dernier est un habitué des déclarations racistes visant la minorité arabe israélienne. Mais tous ces partis pourraient mettre leurs différends de côté, réunis par la même volonté de mettre Benjamin Netanyahou dehors, après dix ans d'un règne sans partage.
A côté de ces pourparlers, Benny Gantz pousse par ailleurs pour faire examiner par le Parlement une loi qui permettrait d'empêcher toute personne inculpée de former un gouvernement. A l'heure actuelle, la loi israélienne n'empêche pas un Premier ministre poursuivi pénalement de rester en fonction, même s'il ne jouit d'aucune immunité face à la justice. Un projet de loi proposé par Bleu-Blanc qui vise directement Benjamin Netanyahou, seul chef du gouvernement dans l'histoire d'Israël à être mis en examen au cours de son mandat, et qui a obtenu le soutien d'Avigdor Lieberman. Ce dernier, ancien allié de Netanyahou, pourrait bien se retrouver dans la position du faiseur de rois et ainsi débloquer une impasse politique qui dure maintenant depuis le mois d'avril 2019.