C’était sa dernière chance d’accéder à la Maison-Blanche. L’ancien vice-président de Barack Obama, Joe Biden, a été élu président des Etats-Unis ce samedi 7 novembre.
L’ancien sénateur du Delaware était le seul dans la course à l'investiture de son parti après l'abandon de tous ses concurrents. Sa victoire a été officiellement proclamée trois jours après la fermeture des bureaux de vote, à l'issue d'un duel très serré contre le président sortant.
Modéré très populaire dans le camp démocrate, fort de ses deux mandats de vice-président sous l'ère Obama, Joe Biden est ainsi devenu à 76 ans le plus vieux chef d'Etat que le pays ait connu.
Un vétéran de la politique américaine
Né dans une famille irlandaise catholique plutôt modeste de Pennsylvanie, «Joe» de son surnom est le fils d’un vendeur de voiture. Rien ne présageait alors de son demi-siècle de carrière politique.
C'est en 1972 qu'il entre dans l'arène. Elu sénateur du Delaware quelques jours seulement avant ses 30 ans règlementaires, il compte alors parmi les plus jeunes sénateurs jamais nommés.
Pendant 36 ans, le démocrate a été successivement réélu et est parvenu à se hisser progressivement en haut de la hiérarchie sénatoriale. D’abord président de la commission judiciaire du Sénat, instance examine en autres les nominations à la cour suprême, il est nommé à la présidence prestigieux comité des affaires étrangères de l’assemblée.
Le secret de cette longévité politique ? Son expertise que peu conteste, sa capacité à dépasser les clivages partisans pour travailler de concert avec les Républicains et un discours qui réussit à convaincre la classe ouvrière, les mêmes électeurs qui avaient permis à Donald Trump d'accéder à la Maison Blanche.
Cible privilégié pour Donald Trump
Son parcours cache néanmoins de graves blessures familiales : alors qu'il vient tout juste de remporter son siège au Sénat, en 1972, sa femme et sa fille d'un an décèdent dans un accident de voiture. Son fils aîné, atteint d'un cancer au cerveau, succombe également prématurément en 2015.
Des événements qui suscitent malgré eux une certaine tendresse des américains pour «Joe». Son sourire inébranlable et son amitié très médiatisée avec le président Obama pendant les huit ans qu'il occupa le poste de vice-président renforce d'autant plus sa popularité. Même son petit côté bavard et gaffeur, par exemple comme lorsqu'il annonce accidentellement sa candidature en mars, attendrit les électeurs démocrates.
Une figure consensuelle, cible parfaite de l'hire régulière de Donald Trump pour ses adversaires. Affublé de tous les surnoms, «Joe l'endormi» ou «Joe-Dodo le Vicieux» n'hésite pas à tacler son adversaire, jusque dans son propre clip de campagne. «Si nous donnons à Donald Trump huit ans à la Maison Blanche, il va, à tout jamais et fondamentalement, altérer le caractère de notre nation», avait-il alors déclaré.
Un début de campagne difficile
Malgré sa popularité dans le camp démocrate, la campagne de Joe Biden n'a pas démarré aussi bien qu'il l'avait esperé.
Au début de mois d'avril, le candidat démocrate s'est vu reprocher des gestes déplacés à l'égard de plusieurs collaboratrices. Un baiser sur la tête sans consentement, un nez frotté sur celui d'une autre : des gestes qui ne passent pas dans l'Amérique post - #metoo.
L'ancien sénateur s'est fait épingler pour bien d’autres convictions, encore moins reluisantes, en particulier son vote contre la déségrégation des bus scolaires dans les années 1970 ou l'affaire de discours plagié du travailliste britannique Neil Kinnock, qui avait mis un terme à sa première campagne pour l’investiture.
Plus récemment, Joe Biden a dû affronter les critiques de la député la plus populaire du moment : Alexandra Ocasio-Cortez, coqueluche des démocrates à la Chambre des représentants, a reproché à ceux «qui ont refusé d'agir» dans les années 1980 pour lutter contre le réchauffement climatique et qui «reviennent aujourd'hui pour dire qu'on a besoin d'une approche «de consensus» pour sauver nos vies». Si Joe Biden n'est pas directement nommé, il est tout à fait visé : son entourage avait révélé quelques jours plus tôt que l'audace faisait défaut dans ses propositions en faveur de l'environnement.
Pourtant le candidat a continué de creuser l’écart avec la myriade de volontaires démocrates, 22 en tout, en particulier son principal adversaire, Bernie Sanders, déjà candidat à l’investiture en 2016 face à Hilary Clinton. Jusqu'à faire abandonner le sénateur du Vermont, le 8 avril. Histoire d'avoir les coudées franches avant son duel avec Donald Trump, qu'il a finalement vaincu.