Pour tenter d'enrayer la progression de l'épidémie de coronavirus, le président de la République Emmanuel Macron a réuni, ce mardi 24 mars, un nouveau comité de chercheurs qui sera notamment chargé de conseiller le gouvernement sur les pratiques de «backtracking».
Déjà expérimenté en Corée du Sud, à Taïwan, en Russie, ou encore en Chine, le «backtracking» est une stratégie numérique qui permet d'identifier les personnes ayant été en contact avec celles infectées par le nouveau coronavirus, afin de casser les chaînes de transmission du virus.
Ce système utilise les données personnelles de géolocalisation GPS contenues dans les téléphones des personnes porteuses du virus. Il permet ainsi de vérifier que les patients testés positifs au Covid-19 restent bien confinés à leur domicile, de traquer leurs déplacements et de repérer les individus susceptibles d'avoir été exposés au virus.
Si ces pratiques de «backtracking» ont déjà fait leurs preuves, comme à Singapour notamment, où la propagation du virus a considérablement ralenti, la mise en place de ce système de surveillance fait débat. Et pour cause, il soulève une grande question sur les libertés individuelles.
«Il serait injustifié de céder à ce stade aux pressions de ceux qui souhaitent davantage empiéter sur nos libertés individuelles par l'utilisation des données personnelles de nos concitoyens», a notamment déclaré au Parisien Stéphane Séjourné, député européen LREM et ancien conseiller politique d'Emmanuel Macron.
orange travaille déjà avec l'Inserm
De son côté, l'opérateur télécom Orange a annoncé vendredi dernier collaborer avec les chercheurs de l'Institut français de la recherche médicale (Inserm) sur l'exploitation des données de géolocalisation afin d'analyser les déplacements de la population dans l'Hexagone et «d'alimenter sous quelques jours les autorités avec des indicateurs statistiques construits en toute conformité avec la réglementation sur les données personnelles».
Le porte-parole d'Orange a affirmé à l'AFP que seules des «données agrégées», ne renseignant ni sur l'identité, ni sur l'âge ou le sexe des personnes concernées, seront collectées. Ces indicateurs permettraient notamment «d'estimer les mobilités par zone pour vérifier l'effectivité des mesures de confinement», «d'évaluer la discipline collective, et d'adapter en conséquence, à l'échelon national ou local, les mesures prises», et «d’adapter en temps réel le système de soin».