En Allemagne, malgré un nombre important de malades, le taux de mortalité lié au coronavirus reste peu élevé.
Avec 10 999 cas détectés pour 20 morts, le jeudi 19 mars, le taux de létalité, soit la proportion de décès liés à une maladie par rapport au nombre total de cas atteints par la maladie, s'établit à seulement 0,18 % dans le pays, contre quelque 4 % en Chine ou en Espagne, 2,9 % en France, voire 8,3 % en Italie. «C'est difficile à démêler (...) Nous n'avons pas de vraie réponse et c'est probablement une combinaison de différents facteurs», a admis cette semaine Richard Pebody, responsable de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
Néanmoins, certains spécialistes avancent des hypothèses. Tout d'abord, l'Allemagne, qui opte pour la stratégie de «l'immunité de groupe», a procédé à des tests très tôt. «Nous avons reconnu très tôt ici la maladie dans notre pays : nous sommes en avance en matière de diagnostic, de détection», affirme Christian Drosten, directeur de l'institut de virologie à l'hôpital de la Charité à Berlin.
De plus, la maladie s'y est principalement propagée dans une population relativement jeune et en bonne santé : «Plus de 70 % des personnes qui ont été identifiées comme infectées jusqu'à présent ont entre 20 et 50 ans», a expliqué le président de l'Institut Robert Koch, qui pilote la lutte contre l'épidémie.
Mais une autre explication possible, avancée notamment par les Italiens, est l'absence en Allemagne de tests post-mortem sur les personnes décédées. Concrètement, cela signifie que lorsqu'une personne décède en quarantaine à son domicile, et non pas à l'hôpital, il y a de fortes chances que son cas n'entre pas dans les statistiques. Or, ces tests sont bien effectués en France par exemple.
Enfin, l'Allemagne profite d'un meilleur équipement médical, avec 25 000 lits de soins intensifs avec assistance respiratoire, alors que, par exemple, la France n'en compte qu'environ 7 000. Cette explication ne semble en revanche pas suffisamment significative pour expliquer la différence du nombre de décès dans les premières semaines, alors que ses voisins européens avaient également mobilisé leurs hôpitaux, mais elle pourrait peser dans les mois à venir, si la crise venait à s'aggraver.