L'ancien vice-président américain Joe Biden a rebattu les cartes dans la course démocrate à la Maison Blanche en remportant largement samedi la primaire de Caroline du Sud, se confirmant comme le premier rival du favori Bernie Sanders.
Après trois résultats décevants dans les Etats précédents, un Joe Biden triomphant a promis qu'il serait, au final, le démocrate qui aura pour mission de défier le républicain Donald Trump à la présidentielle de novembre.
Mais la course reste longue jusqu'à l'investiture démocrate et la dynamique va s'emballer mardi avec le «Super Tuesday», lorsque 14 Etats voteront ensemble.
«Grâce à vous, nous avons gagné de loin et nous sommes bien en vie», a lancé le candidat de 77 ans, en dénonçant ceux qui l'avaient enterré trop vite. Il s'agit de la première victoire de Joe Biden dans une primaire, lui qui en est à sa troisième candidature à la présidence.
Selon des résultats portant sur près de 95% des suffrages, le sénateur indépendant Bernie Sanders, 78 ans, était deuxième (20%), très loin derrière M. Biden (49%).
N'arrivant qu'à une piteuse troisième place malgré les 20 millions de dollars qu'il a dépensés localement pour sa campagne, le milliardaire Tom Steyer a annoncé jeter l'éponge, contrairement aux sept autres candidats.
Joe Biden, ancien bras droit de Barack Obama, était le favori en Caroline du Sud, Etat où les Noirs, chez qui il est très populaire, représentent plus de la moitié de l'électorat démocrate.
«Vous m'avez propulsé sur la voie pour aller battre Donald Trump», a déclaré l'ancien vice-président, se posant en rassembleur sous les applaudissements de ses partisans samedi soir à Columbia, la capitale de l'Etat.
«Joe va aller jusqu'au bout», confiait à l'AFP Andya Davis, 39 ans, propriétaire d'un salon de beauté venue l'écouter. «Il va montrer à tous les autres qu'il peut réussir».
M. Sanders a félicité M. Biden lors d'un meeting de campagne en Virginie, qui votera mardi.
«On ne peut pas tout gagner», a-t-il lancé en rappelant ses trois performances dans les premiers Etats, avant de tourner rapidement la page: «Et maintenant, place au Super Tuesday».
De la pointe nord-est des Etats-Unis jusqu'à la Californie, les candidats vont sillonner le pays dans un marathon de meetings de campagne d'ici l'avalanche de scrutins de mardi.
Trump ironise
Joe Biden avait bien besoin de cette victoire, après n'être arrivé que quatrième et cinquième, respectivement, dans l'Iowa et le New Hampshire.
Certes il avait grimpé à la deuxième place dans le Nevada, mais il était resté très loin de Bernie Sanders, qui l'a clairement remplacé dans le statut de grand favori des primaires démocrates.
Commentant très vite sur Twitter, le président américain a estimé que la réussite de Joe Biden devait signer la fin de la campagne «risible» du milliardaire de New York Michael Bloomberg, qui ne figurait pas sur les bulletins de vote en Caroline du Sud. Il entrera en lice lors du «Super Tuesday».
Revigoré et comptant sur le soutien de grandes figures du parti, Joe Biden n'en reste pas moins en position périlleuse.
Il dispose de bien moins de fonds et d'une organisation plus clairsemée sur le terrain que Bernie Sanders et Michael Bloomberg.
Sanders inquiète
M. Sanders, socialiste autoproclamé, fait campagne sur un programme très à gauche pour les Etats-Unis.
Il sera en Californie dimanche, bastion progressiste et poids lourd du "Super Tuesday" qui distribuera le plus grand nombre de délégués nécessaires pour décrocher l'investiture démocrate.
Son ascension inquiète certains démocrates modérés qui craignent qu'il échoue à convaincre les électeurs plus centristes, indispensables selon eux pour battre Donald Trump.
Un argument que le septuagénaire rejette fermement, en brandissant des dizaines de sondages qui le donnent gagnant contre le républicain.
Warren, Buttigieg à la traîne
Derrière MM. Sanders et Biden, les autres candidats encore en lice joueront leur survie au «Super Tuesday».
Après ses bons résultats dans l'Iowa et le New Hampshire, l'ex-maire de South Bend Pete Buttigieg, 38 ans, a déçu dans le Nevada puis en Caroline du Sud, où il est arrive quatrième et loin derrière.
La sénatrice progressiste Elizabeth Warren, 70 ans, qui avait un temps fait figure de favorite, a fait encore moins bien, en cinquième place.
Des scores faibles qui compromettent grandement leurs chances de survie dans la course puisqu'ils indiquent que tous deux ne sont pas parvenus à rallier les minorités, un électorat pourtant crucial pour tout démocrate voulant remporter la Maison Blanche.